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Washington laisse toute liberté d'intervention à Israël dans la guerre contre l'Irak

Par Chris Marsden
Le 25 octobre 2002

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La semaine dernière, la visite de trois jours à Washington d'Ariel Sharon a été dominée par les efforts de l'administration Bush pour faire accorder les intentions du premier ministre israélien avec ses propres plans de guerre contre l'Irak.

Sharon a récemment menacé de "prendre les mesures adéquates pour défendre ses citoyens" si l'Irak lançait des missiles contre Israël. Il a déclaré au Jerusalem Post qu'en 1991, les Etats-Unis "n'ont pas pris toutes les mesures pour assurer la protection d'Israël ou pour empêcher les attaques contre ce pays" et que "si Israël subit des dommages, si des Israéliens sont tués ou si des armes non conventionnelles de destruction de masse sont utilisées contre Israël, il est sûr que nous prendrons toutes les mesures afin de défendre nos citoyens".

En 1991, Israël a obtempéré aux demandes du président de l'époque George H.W Bush et n'a pas répliqué à l'envoi de 39 missiles SCUD irakiens afin de ne pas porter préjudice au soutien des pays arabes dans la guerre contre l'Irak. Sharon utilise la menace d'une implication d'Israël dans la prochaine guerre du Golf qui embraserait beaucoup plus largement tout le Moyen-Orient dans le but d'obtenir de la part de Bush junior des concessions beaucoup plus importantes tant sur le plan politique que militaire ou économique.

Le mois dernier, le secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, a averti qu'" Israël avait tout intérêt à se tenir à l'écart" de toute intervention des Etats-Unis contre l'Irak. Mais une telle intransigeance n'a pas été mise en évidence au cours des trois jours de pourparlers.

Le Conseil de Sécurité des Nations Unies étudie en ce moment l'avant-projet d'une résolution concernant les inspections des armes en Irak. Cet avant-projet vise à fournir le prétexte à une mise en route des hostilités contre l'Irak. Les Etats-Unis rencontrent l'opposition de la Russie, de la France, et de la Chine, alors que Moscou est opposé à un " mandat irréalisable" pour les inspecteurs.

A ceci s'ajoute le fait que de nombreux pays d'Europe qui ne disposent pas de siège au Conseil de Sécurité des Nations Unies, y compris l'Allemagne, ont exprimé leur opposition à toute intervention militaire contre l'Irak et que les pays arabes ont pu exprimer oralement leur inquiétude.

Malgré cela, les Etats-Unis n'ont pas donné d'instructions aussi précises à Israël afin de rester en dehors de tout conflit au Moyen-Orient comme celles qui avaient été données dans ce sens en 1991. A un moment, Bush a même publiquement reconnu à Sharon le droit de répliquer. Alors que le premier ministre se trouvait à ses côtés dans le bureau ovale il a dit "Si l'Irak attaquait Israël demain, je pense que le premier ministre répliquerait à cette attaque. Il veut se défendre".

Des officiels de la Maison Blanche ont été obligés de tempérer les remarques du président pour éviter de donner l'impression que les Etats-Unis ne donnent carte blanche à Israël. Un porte-parole a expliqué alors qu'un pays a le droit de se défendre "si une intervention militaire est en cours dans la région, c'est une situation nettement différente et nous consulterons étroitement tous les pays de la région menacés par l'Irak".

Un haut fonctionnaire a déclaré: "Dans l'éventualité d'une entrée en guerre des Etats-Unis contre l'Irak, et dans l'éventualité d'une attaque contre Israël, nous prévoyons des consultations au niveau militaire ou au niveau politique et les intérêts en général de nos objectifs vis-à-vis de l'Irak seraient prioritaires.

Même ces observations n'ont pas réussi à éloigner l'éventualité d'une réponse militaire de la part d'Israël. Au lieu de cela, les Etats-Unis demandent à Sharon de ne pas intervenir pour l'instant dans l'attente que les Etats-Unis puissent préparer plus efficacement leurs propres plans de guerre. De telles considérations tactiques peuvent rapidement changer à cause du manque de stabilité de la situation ainsi que de la témérité politique et des volontés belliqueuses qui caractérisent l'administration Bush. Il n'existe aucune vue unitaire à Washington sur l'importance à accorder, ou bien même sur la possibilité d'une mise en place d'une coalition internationale comparable à celle qui avait été réunie en 1991. Une partie influente des Républicains réclame une intervention américaine unilatérale ne tenant aucun compte des inquiétudes des régimes arabes ou de l'Europe. Si, par exemple, la résolution des Nations Unies rencontrait un veto, il est fort probable que Washington déclencherait de toute façon la guerre contre l'Irak. Des préparations militaires américaines sont bien entamées car un corps d'armée et une force expéditionnaire de marines ont été envoyés au Koweit pour coordonner les opérations des forces terrestres. Des exercices des forces spéciales ont eu lieu au Moyen-Orient et une équipe du Commandement Central Américain, qui supervisera toute opération en Irak, va partir pour le Qatar au cours du mois prochain.

Dans de telles conditions, la participation israélienne à la guerre pourrait être considérée favorablement. Pour cette raison, Washington ne pourrait que faire un timide effort pour contenir les ardeurs de Sharon - pour le moment, du moins. Un officiel israélien a fait le commentaire suivant: « Il n'y a eu aucune pression, aucune menace, pas même la plus petite fêlure dans nos relations bilatérales avec les Etats-Unis. Tout au contraire, celles-ci se sont encore améliorées." Un haut fonctionnaire américain, dont l'identité a été gardée secrète, a déclaré que les deux leaders avaient été "volontairement équivoques" sur la façon dont Israël pourrait répondre à toute attaque de la part de l'Irak. Il a poursuivi en faisant remarquer "nous avons tout intérêt à demeurer très imprécis quant à la nature de la réponse israélienne."

Sur toutes les questions autres que celles approuvant une participation directe d'Israël dans la guerre contre l'Irak, l'administration Bush a apporté un soutien maximum à Sharon. Le projet du gouvernement israélien consistant à mener une opération conjointe dans le désert occidental de l'Irak pour désarmer les missiles SCUD avant qu'ils ne soient lancés contre Israël a été soutenu de façon tacite par les Etats-Unis. L'administration américaine a promis d'envoyer des forces d'opérations spéciales au début de tout conflit contre l'Irak. Il a été révélé que les forces israéliennes avait déjà effectué une mission secrète de reconnaissance dans les régions occidentales de l'Irak au cours de l'été dernier.

Bush a également menacé de façon implicite le Liban et la Syrie pour apporter son soutien à Israël. Le Liban a l'intention de détourner l'eau d'une de ses rivières qui se jette dans la Mer de Galilée. Cette rivière est une des principales sources d'approvisionnement en eau d'Israël. En guise de représailles, Sharon a menacé d'entrer en guerre contre le Liban, mais au lieu de critiquer Israël, Bush s'est fixé sur de possibles représailles de la part du Hezbollah, le groupe de guérilla soutenu par le Liban et par la Syrie. Il a déclaré: "Mis à part l'Irak, nous nous attendons à ce que le Hezbollah ne s'attaque pas à nos amis. Nous allons ainsi travailler avec Israël et avec d'autres pays, afin de bien leur faire comprendre notre position concernant le fait d'abriter des activités terroristes".

Il a ajouté: "Il est certain que nous voulons collaborer avec Israël et nous ferons comprendre au Hezbollah et aux pays qui abritent le Hezbollah, que l'on se place ou non dans le contexte de l'Irak, que nous espérons qu'il n'y aura aucune attaque".

Bush n'a pas seulement exprimé sa "grande confiance dans l'économie israélienne" mais il a indiqué qu'il ferait tout son possible pour que la somme de 200 millions de dollars US soit disponible le plus tôt possible".

Washington a annoncé la visite du sous-secrétaire d'Etat pour les Affaires du Proche-Orient, William Burns, en Israël. Cette visite fait partie d'une tournée de deux semaines en Egypte, en Arabie Saoudite, en Syrie, au Liban, en Cisjordanie, au Yémen, à Oman, aux Emirats Arabes Unis, au Qatar,, au Bahrain et au Koweit. Le but de Burns est de récolter l'approbation de ces pays sur un projet de "plan de paix " de six pages en vue d'arriver à la solution du conflit israélo-palestinien.

La "feuille de route" aurait pu avoir été conçue par des cartographes israéliens, parce qu'elle réclame la fin des attentats, la réforme de l'autorité palestinienne, le départ de Yasser Arafat ainsi qu'un changement dans la direction palestinienne, des négociations transitoires et par la suite seulement des discussions sur un accord de paix final. La convocation d'une conférence internationale afin de discuter de la fondation d'un état palestinien provisoire serait faite à l'automne 2003 ­ c'est-à-dire d'après les prévisions la fin de la guerre en Irak - avec un accord final pour la fin 2005. A cours terme, la balle est dans le camp des Palestiniens avec des promesses pour l'avenir qui ne seront peut être jamais réalisées.

Sharon a été très satisfait de son voyage à Washington. En parlant de Bush, il a dit à des journalistes "Nous n'avons jamais eu de telles relations avec aucun président des Etats-Unis comme celles que nous avons avec vous. Et nous n'avons jamais connu une coopération dans tous les domaines comme celle que nous avons avec l'administration actuelle". Mais cela ne signifie pas qu'il soit satisfait avec la position actuelle des Etats-Unis que ce soit par rapport à l'Irak ou par rapport à la question palestinienne. Au lieu de cela, il va considérer l'actuel niveau de soutien de la part des Etats-Unis comme étant une chose politique acquise et va faire tous les efforts possibles pour utiliser les hostilités américaines contre Bagdad pour favoriser les propres ambitions régionales d'Israël.

La seule assurance donnée par Israël qu'elle ne chercherait pas à rejoindre un conflit contre l'Irak ne tient absolument pas la route. Un haut fonctionnaire a déclaré "Nous ferons tout notre possible pour ne pas intervenir". De même, le plan de paix américain a été très fraîchement accueilli par les Israéliens. Sharon s'est contenté d'affirmer qu'aucune paix n'était possible si Arafat demeurait au pouvoir, tandis que son conseiller, Raanan Gissin, a dit que le plan ne pourrait pas marcher parce qu'"on nous demande de faire des concessions qui sont irréversibles, de céder des territoires et de permettre l'établissement d'un état palestinien provisoire. Ceci ne nous est pas possible, sauf si le terrorisme diminue de façon significative".

Burns est arrivé en Israël le 23 octobre, en pleine montée des tensions entre Israël et l'autorité palestinienne. Un attentat suicide avait eu lieu deux jours auparavant qui avait fait 14 victimes. Même si l'attentat avait été revendiqué par le Djihad islamiste et avait été condamné par Arafat, le gouvernement Sharon, une fois de plus fait porter la responsabilité de cet attentat sur l'Autorité Palestinienne et menace de représailles.

Suite aux pressions des Etats-Unis, Sharon s'est abstenu de représailles à grande échelle. Mais le ministre de l'Intérieur, Eli Yishai, a indiqué que ceci était lié à des calculs politiques qui prévoyait que la destruction de l'Irak permettrait à Israël d'agir à une date ultérieure de façon plus décisive. Il a déclaré sur la Radio Militaire Israélienne: "Il y a ceux qui disent que nous devons réagir maintenant avec tout notre pouvoir et toute notre force. D'un autre côté nous embarrasserions les Américains. Si les Américains attaquent l'Irak c'est dans notre intérêt autant que dans le leur".

Auparavant, l'ambassadeur d'Israël aux Etats-Unis, Daniel Ayalon, avait indiqué qu'il croyait que la chute de Saddam Hussein faciliterait une conclusion du conflit palestinien bénéfique pour Israël. « Une fois le problème iraquien résolue » a-t-il dit « il pourrait s'ensuivre des effets positifs pour notre situation. Il est certain que je ne me soucie pas des Palestiniens. »


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