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Rice et Rumsfeld « découvrent » al-Qaeda à Bagdad

Par David North
1er Octobre 2002

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À une réunion des chefs militaires, dix jours avant la date fixée pour l'invasion de la Pologne, Hitler déclarait que son régime trouverait un « prétexte de propagande » pour la guerre. « Que les raisons soient ou non convaincantes n'aura pas d'importance », déclara-t-il. « Après tout, on ne demandera pas au gagnant s'il a dit la vérité. Nous devons procéder brutalement. Le plus fort a toujours raison ».

Ce qui nous rappelle ces paroles sont celles prononcées la semaine dernière par le secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, et la conseillère à la Sécurité nationale, Condoleeza Rice, à l'effet qu'il existerait des preuves « blindées » de liens étroits entre le président irakien Saddam Hussein et des membres d'Al-Qaida.

Ces allégations ont été rapportées dans les bulletins télévisés du soir, même s'il était difficile pour les correspondants couvrant l'affaire de faire semblant qu'ils ou qui que ce soit y croyaient. Déclarer que le gouvernement de Hussein travaille ou a travaillé avec Al-Qaida contredit directement les rapports des agences de renseignements américaines qui sont souvent cités et qui maintiennent qu'il n'y a aucune preuve de tels liens.

De plus, une entente entre l'Irak et Al-Qaida est, dans le meilleur des cas, politiquement improbable. Comme l'écrivait dans le New York Times Daniel Benjamin, directeur du département des menaces transnationales au sein du Conseil national de sécurité des États-Unis durant les années 1990, « L'Irak et Al-Qaida ne sont pas des alliés logiques. En fait, ce seraient logiquement des ennemis. Un élément central de l'idéologie jihadiste d'Al-Qaida est que les dirigeants laïques musulmans et leurs régimes ont opprimé les croyants et plongé l'Islam dans une crise historique. Un des buts suprêmes des révolutionnaires islamiques depuis cinquante ans est la destruction des régimes de tels dirigeants »

C'était précisément cette hostilité politique qui a valu à ces mouvements le soutien solide des Etats-Unis, hostiles eux aussi aux régimes nationalistes laïques favorables à la nationalisation de leurs ressources pétrolières. Et, à la différence des prétendus liens entre l'Irak et Al-Qaida, les liens entre Oussama ben Laden et les services de renseignement américains sont bien documentés. Les auditions conjointes de la Chambre des représentants et du Sénat sur la série de démarches étranges qui ont visé à empêcher qu'il y ait des enquêtes sur les terroristes impliqués dans le détournement d'avions, suggère que des liens ont pu exister entre Al-Qaida et au moins certaines des agences de renseignement américaines jusqu'au 11 septembre 2001.

Si le but principal de l'administration Bush après le 11 septembre avait été d'empêcher d'autres attaques terroristes, elle aurait bien pu obtenir une aide tactique de Saddam Hussein. Après tout, Washington avait eu des rapports étroits avec son régime au début des années 1980, l'aidant dans sa guerre sanglante contre l'Iran. Hussein lui-même avait transmis ses condoléances après les attentats et voulait selon en toute évidence utiliser l'occasion pour se rapprocher de Washington.

Il est clair, cependant, que la « guerre au terrorisme » lancée par le gouvernement américain depuis les attaques du 11 septembre a pris le second rang dans ses priorités, après la mise en oeuvre de la guerre contre l'Irak, une guerre planifiée depuis longtemps pour s'approprier les champs pétroliers irakiens.

Le moment de la sortie concertée relativement aux allégations sur les prétendus rapports entre l'Irak et Al-Qaida reflètent les difficultés de l'administration Bush à expliquer la nécessité d'une telle guerre basée sur l'idée que l'Irak est une menace à la sécurité internationale à cause du soi-disant développement « d'armes de destruction massive ».

Plus tôt dans la semaine, le premier ministre britannique Tony Blair avait publié son dossier gouvernemental de 50 pages, qu'il présentait comme étant un résumé incontestable des motifs en faveur d'une guerre, sans faire la moindre mention d'un rapport entre l'Irak et Al-Qaida. Centré sur la prétendue menace posée par le programme d'armements irakien, le dossier n'a fourni aucunes nouvelles preuves, répétant seulement les arguments de l'administration Bush, selon lesquels Bagdad pourrait à l'avenir obtenir la capacité d'utiliser de telles armes. L'effort de Blair n'ayant convaincu personne, Washington a décidé de faire circuler des allégations sur les liens entre l'Irak et Al-Qaida.

Au début de la semaine dernière, l'administration essayait de terroriser le pays en lançant des avertissements effrénés voulant que des terroristes pourraient utiliser des fioles de variole pour tuer des millions d'Américains. Pendant une journée, tous les groupes médiatiques parlaient des projets gouvernementaux pour vacciner les millions de travailleurs médicaux qui allaient soigner les victimes de l'épidémie à venir. Le lendemain, l'histoire avait plus ou moins disparu, tandis que les portes paroles du gouvernement préparaient leur prochain « scoop » ­ qui s'est avéré être le rapport entre l'Irak et Al-Qaida.

Ni Rumsfeld ni Rice n'ont présenté de preuves pour justifier leurs assertions. Rumsfeld a même prétendu que l'Irak avait formé des membres d'Al-Qaida en matière de guerre chimique, avouant ensuite que la source de cette allégation était très « peu spécifique » et demandait cyniquement aux reporters de « ne pas publier cela ».

Plus tard, dans un repas de midi de la Chambre de commerce, il a dit : « Si nous cherchons des preuves solides, nous serons sans doute moyennement déçus. Nous n'aurons pas une preuve à l'abri d'un doute raisonnable ». Bref, la norme en matière de preuve pour permettre la condamnation d'un individu à la prison ou à la mort, ne peut être demander à un gouvernement qui se prépare à semer la mort et la destruction contre des centaines de milliers de civils irakiens. Pour une guerre, n'importe quelle désinformation suffira.

Rice, entre temps, a laissé entendre où se dirige le chemin sinueux d'allégations sans preuves de l'administration Bush : « Personne n'essaie de soutenir à ce moment que Saddam Hussein avait, d'une manière ou d'une autre, le contrôle opérationnel de ce qui s'est passé le 11 septembre, donc nous ne voulons rien pousser », a-t-elle dit. « Mais c'est une histoire qui se développe et qui se clarifie, et nous en apprenons davantage ».

Ce qui existe à Washington est un régime de mensonges et de provocations. Il dira n'importe quoi n'importe quand pour poursuivre ses buts prédatoires. Comme le Führer allemand de 1939, il s'inquiète peu de la véracité de son « prétexte de propagande ».

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