Le mercredi 24 janvier au soir les travailleurs de
l’usine Forest de Bruxelles ont repris leur mouvement de grève.
Les travailleurs ont décidé de débrayer au terme du conseil
d’entreprise qui s’était tenu mercredi soir et qui s’était
soldé par la revendication, à l’adresse de la direction, de confirmer par
écrit les promesses faites verbalement au sujet de l’avenir de
l’usine. Jusque-là, la direction de VW Forest avait dit qu’il
serait possible de fabriquer un nouveau modèle, l’Audi A1, à
l’usine de Forest, mais aucun accord défini n’avait été conclu,
signifiant donc que l’avenir de l’usine restait incertain. Les
travailleurs craignent que les discours concernant la production d’un
nouveau modèle ne soient, une fois de plus, que des paroles en l’air de
la part de la direction de l’usine et des syndicats.
La grève s’est poursuivie jeudi et vendredi et les
salariés ont bloqué l’entrée de l’usine pour empêcher d’une
part l’accès de l’usine aux briseurs de grève et de l’autre
que le matériel ne quitte l’usine. La direction a officiellement déclaré
que l’usine était fermée pour cause de « chômage technique ».
La poursuite de la grève a été confirmée lors d’une
nouvelle assemblée générale qui s’est tenue jeudi matin. Selon le site Belga,
un délégué du syndicat FGTB, Hedwin De Clerq, a déclaré que des négociations
auraient lieu avec la direction dans le but de trouver un accord d’ici
lundi sur l’avenir de l’usine.
Quant au directeur du personnel de VW Forest, Jos Kayaert, il
a à nouveau avancé la perspective de la fermeture totale de l’usine en
déclarant sa crainte que la grève « ne fasse s’envoler les chances
de survie de l’usine ». Le ministre belge de l’Emploi, Peter Vanvelthoven,
a fait connaître son intention d’intervenir dans le conflit en désignant
un « conciliateur social ».
Les travailleurs avaient repris le travail à l’usine le
8 janvier après une grève et une occupation d’usine qui avaient démarré à
la fin de l’année et qui avaient duré sept semaines. L’accord qui
avait été conclu entre la direction de VW et les syndicats pour arrêter la
grève prévoyait une réduction du volume de production à l’usine de
Forest. Au lieu des 200 000 voitures produites actuellement, moins de 60 000
(12 500 Golf et 46 000 Polo) voitures seraient produites à Bruxelles.
Avec les nouveaux volumes de production seuls 1500 emplois resteraient en
principe sur le site sur les 5400 existant actuellement. Deux mille salariés
ont déjà accepté de quitter leur travail à la fin de la grève en échange de
primes de départ.
La promesse avait été faite aux travailleurs restant que la
production d’un modèle supplémentaire pourrait démarrer en 2007
(probablement l’Audi A3) et en 2009 celle d’un nouveau modèle Audi,
mais aucune mesure allant dans ce sens n’a été prise à l’usine pour
confirmer le sérieux des intentions émises par la direction.
Le personnel de l’usine craint à présent que les
discours et les promesses faites au sujet d’une éventuelle production
d’autres modèles n’aient eu pour but que d’étouffer la grève
et l’occupation et de briser ainsi la résistance du personnel.
Après la reprise du travail, seules deux équipes
s’étaient partagé le travail au lieu de quatre précédemment. Les équipes
de nuit et du week-end ont été supprimées entraînant ainsi une perte considérable
de primes et donc de salaire pour le personnel restant.
Suite aux nouvelles négociations de vendredi après-midi, le
ministre de l’Emploi, Vanvelthoven, a annoncé qu’un nouvel accord
avait été élaboré entre VW et les syndicats et qui garantirait un accroissement
du volume de production en 2008 (84 000 unités) et en 2009 (100 000 unités
du modèle Audi A1). En dépit du fait que ces nouveaux objectifs ne
correspondent pas à la promesse faite initialement concernant 200 000
unités, les syndicats ont accepté que les travailleurs reprennent le travail
lundi, 29 janvier, sur la base de ce dernier accord.
La grève et l’occupation de l’usine Forest à
Bruxelles qui ont eu lieu à la fin de l’année dernière, ont été
systématiquement trahies par les syndicats belges et allemands. Les emplois
perdus à VW Forest ne sont qu’un exemple de plus illustrant le rôle
crucial joué par les syndicats pour monter les effectifs des usines les uns contre
les autres, et ce, aux dépens de tous les salariés de Volkswagen et des
milliers d’autres qui sont employés par des équipementiers et des
sous-traitants de la filière automobile.
Le 7 décembre, lors d’une réunion extraordinaire, tenue
sous la présidence de Bernd Osterloh, le comité d’entreprise européen
avait expressément refusé de lancer un appel en faveur d’une action de
solidarité efficace pour soutenir les travailleurs de Forest. C’est la
raison pour laquelle aucune action n’avait été engagée dans les six plus
grandes usines VW en Allemagne pour soutenir les collègues belges. Jusque-là,
le déroulement de cette grève à Bruxelles doit servir d’avertissement aux
salariés pour qu’ils ne fassent pas confiance à la direction syndicale et
qu’ils rejettent la dernière tentative entreprise par la direction du
groupe, les syndicats et le gouvernement belge en vue de les forcer à reprendre
le travail.