Après trois ans de guerre au Yémen, le Pentagone va intensifier le massacre

Le Pentagone a officiellement demandé à la Maison Blanche de Trump de lever les restrictions limitées imposées par l’administration Obama à l’aide militaire américaine à la guerre quasi-génocidaire de la monarchie saoudienne contre le peuple appauvri du Yémen.

Le Washington Post a rapporté lundi que le secrétaire d’État James Mad Dog Mattis, un général des Marines américains récemment retraité, avait soumis un mémo plus tôt ce mois au conseiller de sécurité nationale de Trump, H.R. McMaster, pour approbation du renforcement du soutien aux opérations militaires menées au Yémen par le régime saoudien et son principal allié arabe, les Émirats arabes unis.

Ce mémo, selon le Post, a souligné qu’une telle aide militaire américaine aiderait à combattre « une menace commune ».

Cette prétendue « menace » est posée par l’Iran, principal rival régional de l’impérialisme américain pour l’hégémonie sur le Moyen-Orient riche en pétrole. Tant la monarchie saoudienne que l’administration Trump ont accusé à maintes reprises, sans fournir d’éléments de preuve significatifs, l’Iran d’avoir armé, formé et dirigé les rebelles houthis qui ont pris le contrôle de la capitale yéménite et de la majeure partie du pays, ayant fait tomber le régime fantoche du Président Abdrabbuh Mansur Hadi en 2014.

Une importante escalade de l’intervention américaine au Yémen visera principalement à provoquer une confrontation militaire avec Téhéran, dans le but d’affaiblir l’influence iranienne dans toute la région. Trump lui-même a fait campagne lors de l’élection de 2016 en dénonçant l’administration Obama pour être trop « molle » sur l’Iran et pour s’être joint aux autres grandes puissances dans la négociation avec Téhéran d’un accord qu’il a qualifié de « désastreux » sur le nucléaire. Ses conseillers, dont son premier conseiller en sécurité nationale, le général Michael Flynn, et le secrétaire à la Défense Mattis, ont tous exprimé une hostilité belliqueuse à l’égard de l’Iran.

L’impulsion immédiate pour l’appel à l’augmentation de l’aide américaine à la guerre menée par l’Arabie saoudite serait une opération proposée par les Émirats arabes unis pour prendre le contrôle du port de Hodeida sur la mer Rouge. L’effet d’une telle offensive serait de couper la grande partie du pays et sa population sous contrôle houthi de toute ligne d’approvisionnement avec le monde extérieur. Près de 70 pour cent des importations du pays passent maintenant par ce port. Même avant la guerre, le Yémen dépendait d’importations pour 90 pour cent de sa nourriture. Les agences d’aide ont averti qu’une offensive militaire sur le port pourrait faire basculer le pays dans une famine massive.

L’escalade américaine proposée au Yémen coïncide avec le deuxième anniversaire de la guerre saoudienne sur le pays, lancée le 26 mars 2015 sous la forme d’une campagne de bombardements sans fin dirigée en grande partie contre des cibles civiles, ainsi qu’une offensive qui stagne au sol.

L’anniversaire a été marqué dans la capitale de Sanaa et d’autres villes yéménites par des manifestations de centaines de milliers de personnes dénonçant la campagne militaire saoudienne. Les Houthis ont obtenu un soutien qui s’étend bien au-delà de leur base sociale dans la minorité chiite zaydite du pays en raison de la haine populaire envers la monarchie saoudienne et ses crimes.

Alors que la guerre entre dans sa troisième année, le Yémen est au bord d’une famine massive et se trouve confronté à l’une des pires crises humanitaires de la planète. Cette guerre, menée par des familles royales des monarchies pétrolières du Golfe d’une richesse obscène contre ce qui était déjà la nation la plus pauvre du monde arabe, a tué quelque 12 000 yéménites, dont une majorité écrasante de civils, et a fait au moins 40 000 blessés.

Les frappes aériennes saoudiennes ont visé des hôpitaux, des écoles, des usines, des entrepôts alimentaires, des champs et même du bétail. Associé à un blocus naval de fait, le but de cette guerre totale contre la population civile du Yémen est d’affamer jusqu’à la mort les Yéménites pour les forcer à se soumettre. Une campagne soutenue par les États-Unis pour s’emparer du port de Hodeida viendrait resserrer cet étau meurtrier.

Dans un communiqué publié lundi marquant le début de la troisième année de guerre, le Coordonnateur des secours d’urgence des Nations Unies a déclaré que « près de 19 millions de Yéménites – plus des deux tiers de la population – ont besoin d’aide humanitaire. Sept millions de Yéménites font face à la famine. »

L’UNICEF, l’agence des Nations unies pour les enfants, a signalé qu’environ un demi-million d’enfants souffrent de malnutrition aiguë au Yémen, tandis que 1546 ont été tués et 2450 ont été handicapés par les combats. L’agence a déclaré que le taux de décès des enfants a augmenté de 70 pour cent au cours de la dernière année, alors que le taux de malnutrition aiguë a augmenté de 200 pour cent depuis 2014.

Le bombardement volontaire des hôpitaux et des dispensaires par les saoudiens a laissé 15 millions de personnes sans accès aux soins de santé, tandis que la destruction des installations d’eau et d’assainissement a entraîné des épidémies de choléra et de diarrhée. On estime que jusqu’à 10 000 enfants ont perdu la vie en raison du manque d’eau potable et de services médicaux depuis 2015.

Washington, sous les administrations Obama et Trump, a été pleinement complice des crimes de guerre commis par le régime saoudien et ses alliés contre le peuple yéménite. Washington a injecté le montant stupéfiant de 115 milliards de dollars d’armes dans le royaume saoudien sous l’administration Obama, assurant le réapprovisionnement de bombes et de missiles largués sur les maisons, les hôpitaux et les écoles yéménites. Il a mis en place un centre de logistique et de renseignement américano-saoudien commun pour guider la guerre et a fourni des ravitaillements aériens par des avions américains pour assurer que le bombardement pourrait continuer 24 heures sur 24.

Alors qu’une partie de cette aide militaire décisive a été réduite à des fins de relations publiques suite à l’horrible bombardement saoudien d’octobre 2016 d’une cérémonie funéraire à Sanaa qui a tué plus de 150 personnes, la marine américaine est entrée directement dans le conflit ce mois-ci, tirant des missiles Tomahawk à des cibles houthis, action motivée par des accusations non étayées que des missiles avaient été tirés sur des navires américains.

Néanmoins, la demande de Mattis marquerait une escalade qualitative de l’intervention américaine. Alors que le Washington Post a signalé qu’une demande des Émirats arabes unis que les troupes américaines d’opérations spéciales participent directement au siège du port de Hodeida ne faisait pas partie de la proposition de Mattis, le journal a continué à avertir que l’armée des monarchies du Golfe « n’était peut être pas capable sans l’implication des forces américaines d’une si grande opération, comprenant la rétention et la stabilisation d’une zone reconquise ». L’armée des Émirats est en grande partie une force mercenaire, recrutée parmi d’anciens membres des armées colombienne, salvadorienne et chilienne pour faire le sale travail de la famille royale au pouvoir. »

Le Washington Post ajoute : « Un plan élaboré par le Commandement central des États-Unis pour aider l’opération comprend d’autres éléments qui ne font pas partie de la demande de Mattis, ont déclaré les responsables. Alors que des navires des Marines ont été près de la côte du Yémen pendant environ un an, le rôle de soutien qu’ils pourraient jouer n’était pas clair. »

Comme de nombreux rapports l’ont indiqué, la Maison Blanche a pour l’essentiel donné libre cours à Mattis et aux commandants militaires américains pour mener des opérations armées comme bon leur semble. Le résultat a été que le nombre de soldats américains sur le terrain en Syrie a plus que doublé avec une escalade de l’intervention des États-Unis en Irak, ainsi qu’une demande de 5000 autres soldats à déployer en Afghanistan.

Au Yémen, ils se préparent à entraîner le peuple américain dans une autre guerre criminelle contre l’une des populations les plus vulnérables du monde, menaçant de hâter la mort de millions de personnes affamées. Les objectifs stratégiques sous-jacents à ce vaste crime de guerre sont l’imposition de l’hégémonie impérialiste américaine sur le Moyen-Orient par une confrontation militaire avec l’Iran et la préparation d’un conflit mondial avec les principaux rivaux de Washington.

(Article paru en anglais le 28 mars 2017)

 

 

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