Le gouverneur démocrate de Californie affirme que le fait de permettre aux candidats du SEP de participer au scrutin serait «une entrave au processus démocratique»

Les dirigeants de l'État de Californie ont produit vendredi une réponse à la poursuite intentée par les candidats du Socialist Equality Party (SEP, Parti de l’égalité socialiste) à la présidence et à la vice-présidence, Joseph Kishore et Norissa Santa Cruz, contre le gouverneur démocrate Gavin Newsom et le secrétaire d'État Alex Padilla.

Dans la poursuite, intentée le 30 juin, les candidats du SEP contestent l'exigence de l'État selon laquelle ils doivent recueillir et soumettre près de 200.000 signatures physiques sur une période de 15 semaines entre le 24 avril et le 7 août afin de figurer sur les bulletins de vote lors de l’élection du 3 novembre. Alors que la pandémie de COVID-19 fait rage en Californie, ces exigences sont impossibles à satisfaire sans risquer des vies humaines.

Les candidats du SEP font valoir que ces exigences, qui ne s'appliquent pas aux candidats démocrates et républicains, sont inconstitutionnelles et que leur application pendant la pandémie constitue une restriction du droit de vote.

Le bureau du procureur général de la Californie, qui représente Newsom et Padilla, a reconnu l’existence des exigences et déclaré l'intention de l'État de les faire appliquer. Il a affirmé que si les candidats du SEP avaient gain de cause, il en résulterait «un scrutin ingérable et surchargé pour l'élection générale présidentielle de novembre, qui provoquerait la confusion des électeurs et une entrave au processus démocratique.»

Dans le jargon kafkaïen de ces responsables du Parti démocrate, autoriser les candidats du SEP à se présenter au scrutin «entraverait le processus démocratique.» Ils n'expliquent pas ce qu'ils entendent par «confusion des électeurs». Peut-être veulent-ils dire qu'un électeur pourrait devenir si «confus» qu'il pourrait voter pour le «mauvais» candidat.

Selon Newsom et Padilla, le SEP aurait dû recueillir les signatures de toute façon, indépendamment de la pandémie. Les candidats du SEP «auraient pu commencer à recueillir des signatures au plus tard le 1er mai 2020», écrivent-ils. Les candidats du SEP «avaient 14 semaines sur les 15 semaines pour recueillir des signatures en personne pour une nomination indépendante.»

Newsom et Padilla suggèrent spécifiquement que le SEP aurait dû déployer «66 collecteurs de signatures, travaillant cinq jours par semaine pendant 15 semaines, pour obtenir le nombre requis de signatures.»

Si les partisans du SEP avaient tenté de le faire, ils auraient risqué la mort, tant la leur que celle de leurs proches et du grand public.

Au cours des deux dernières semaines, selon les statistiques affichées sur le propre site web de Newsom, il y a eu 109.910 nouveaux cas en Californie et 1104 nouveaux décès. Cela représente plus de décès en deux semaines, rien que dans l'État de Californie, que le nombre de décès de la Corée du Sud et du Danemark réunis pendant toute la durée de la pandémie.

Les hôpitaux de l'État ont également signalé une augmentation de 27,8 % des hospitalisations sur une période de 14 jours s’étant terminée lundi.

La position de Newsom en réponse à la procédure du SEP est en contraste frappant avec ses autres déclarations et actions. L'ampleur du désastre en Californie est telle que Newsom lui-même a été contraint lundi de rendre une ordonnance pour réduire les efforts de l'État en vue de la réouverture, ordonnant la fermeture d'une longue liste de catégories d'entreprises, pour le service intérieur et extérieur.

La position de Newsom et Padilla est déterminée par la politique, et non par la réalité. Dans tout le pays, le Parti démocrate est effrayé par l'idée que les candidats du SEP pourraient gagner un nombre important de voix s'ils étaient autorisés à participer au scrutin, dans des conditions où les candidats démocrates et républicains sont largement considérés avec scepticisme et méfiance, voire carrément avec hostilité.

Les responsables du Parti démocrate qui ont répondu à la poursuite déposée par Kishore et Santa Cruz ont également fait valoir que si les candidats du SEP apparaissaient sur les bulletins de vote, cela «porterait irrémédiablement atteinte à l'intérêt public.»

Ils ont affirmé que les candidats du SEP n'étaient pas «diligents» puisqu'ils n'ont pas tenté de recueillir des signatures pendant le confinement en cours dans tout l'État. Le SEP soutient qu'aucun candidat raisonnablement diligent ne pourrait ou ne voudrait répondre aux exigences de l'État, comme les dirigeants de l'État le savent bien.

Dans leur procédure initiale, les candidats du SEP ont fait valoir qu'il serait impossible de recueillir des centaines de milliers de signatures pendant la pandémie sans mettre en danger leurs partisans et le grand public. La requête cite une ordonnance de mars du gouverneur Newsom dans lequel il avertit que «le vote en personne présente des risques pour la santé et la sécurité publiques à la lumière de la pandémie de COVID-19, et pourrait risquer de saper les mesures de distanciation sociale imposées par l'officier de santé publique de l'État.»

Malgré l'émission par Newsom d'une ordonnance de confinement le 19 mars, ses avocats ont affirmé que les ordonnances de santé publique de Californie «avaient limité la capacité du SEP à recueillir des signatures en personne de tout au plus une semaine», puisqu'une exception a ensuite été autorisée dans la loi pour les activités liées aux élections.

Newsom et Padilla n'expliquent pas comment les volontaires pourraient recueillir des signatures en personne sans s'exposer et exposer les signataires potentiels à la COVID-19. Ils n'abordent pas non plus le fait qu'approcher un étranger sur un trottoir avec des tracts et un presse-papiers au cours de l'été 2020 est totalement irréalisable et risque d'amener la personne à s'éloigner ou à condamner le volontaire pour ne pas avoir maintenu la distanciation sociale.

Norissa Santa Cruz a répondu à Newsom et à Padilla dans une déclaration lundi, qualifiant leurs arguments de «farce de démocratie».

«C'est de la pure folie d'exiger que notre campagne recueille quelque 200.000 signatures au beau milieu d'une pandémie mortelle, d'autant plus que les cas continuent de monter en flèche en Californie et dans toute la région», a-t-elle déclaré. «C'est dire à quel point Gavin Newsom et les démocrates qui dirigent la Californie sont désespérés de maintenir les candidats socialistes hors du scrutin.»

Les candidats du SEP mènent une lutte similaire contre les restrictions d'accès au scrutin dans l'État du Michigan. Lundi, Kishore et Santa Cruz ont déposé un appel devant la Cour d'appel fédérale du sixième circuit. L'appel conteste la décision du juge de district nommé par les républicains, Sean F. Cox, qui a statué en faveur des dirigeants démocrates de l'État du Michigan la semaine dernière. Dans sa décision, Cox a affirmé que le SEP aurait dû recueillir les signatures indépendamment de la pandémie.

Au moment de la décision de Cox contre les candidats du SEP, les experts de la santé et la gouverneure démocrate du Michigan, Gretchen Whitmer, avertissaient qu'il y avait un «risque élevé» d'une nouvelle épidémie de COVID-19 dans l'État.

Dans le cas de la Californie, la réponse juridique officielle des candidats du SEP à Newsom et Padilla sera déposée mercredi. Les plaidoiries, ainsi que la décision du juge, devraient avoir lieu la semaine prochaine.

(Article paru en anglais le 14 juillet 2020)

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