Alors que le nombre de cas de COVID-19 aux États-Unis dépasse les 11 millions

Les conseillers de Biden rejettent un nouveau confinement qui sauverait des vies

Les États-Unis ont passé 11 millions de cas de coronavirus dimanche, selon le compteur le plus utilisé, de l'université Johns Hopkins. Ce triste record a été atteint alors que les autorités de santé publique ont averti que le nombre de décès, qui approche maintenant les 250.000, pourrait atteindre un demi-million d'ici le printemps.

Dans tous les États, les gouverneurs ont été contraints d'ordonner la fermeture partielle ou totale des bars, restaurants, salles de sport et autres lieux de rassemblement. Le Michigan a fermé tous les sports dans les lycées pendant trois semaines et a lancé les avertissements les plus sévères contre les grands rassemblements pendant les vacances de l’Action de grâce.

Une sphère, cependant, a été totalement exempte de telles restrictions: les lieux de travail des grandes entreprises, y compris les usines, les entrepôts et les immeubles de bureaux, où des centaines ou des milliers de travailleurs sont entassés au mépris de la distanciation sociale et d'autres considérations de santé publique.

L'ancien vice-président Joe Biden, candidat démocrate à la présidence, rencontre les habitants de Kenosha à l'église luthérienne Grace de Kenosha au Wisconsin, jeudi 3 septembre 2020. (AP Photo/Carolyn Kaster)

L'ampleur de la pandémie est bien plus importante qu'elle ne l'était au printemps dernier. Selon Johns Hopkins, 45 États ont enregistré une augmentation hebdomadaire du nombre d'infections, contrairement à la poignée d'États les plus touchés en mars et avril et à la bande d'États du sud et du sud-ouest qui ont été le point focal pendant l'été. Toutes les régions du pays sont touchées, bien que les États les plus touchés se trouvent désormais dans les plaines du nord et dans le haut Midwest: les Dakotas, le Minnesota, le Wisconsin et l'Illinois, ainsi que le Michigan.

L'aspect le plus dangereux de cette nouvelle recrudescence est la pression exercée sur les établissements de santé. Selon le projet de suivi COVID, un nombre record de 69.455 patients ont été hospitalisés avec le COVID-19 samedi, et ce chiffre devrait atteindre 70.000 d'ici quelques jours.

Dans de nombreuses régions, certaines urbaines, d'autres rurales, chaque lit d'hôpital disponible a été rempli par un patient atteint de coronavirus. À mesure que les cas se multiplient, les installations nécessaires deviendront indisponibles et les patients commenceront à mourir dans les couloirs, les salles d'urgence, les ambulances et à leur domicile.

Toutes ces pressions seront aggravées par le début de la saison annuelle de la grippe, qui a causé environ 400.000 hospitalisations et 22.000 décès l'année dernière.

La réponse de l'administration Trump à la pandémie est une négligence délibérée, maintenant ouvertement proclamée comme le programme d'«immunité collective», permettant à l'infection de se propager dans la population tout en rejetant toute mesure de santé publique qui aurait un impact sur les profits des sociétés.

Trump lui-même n'a pas assisté à une réunion de son groupe de travail sur le coronavirus de la Maison-Blanche depuis cinq mois, a confirmé l'amiral Brett Giroir, membre du groupe de travail, dans une interview télévisée dimanche. Cette indifférence et cette insensibilité sont les principales raisons de la défaite de Trump lors de l'élection présidentielle du 3 novembre par le candidat démocrate Joe Biden.

Mais Biden n'est pas plus disposé que Trump à imposer un fardeau aux grandes entreprises américaines. Les membres de son groupe de travail sur le coronavirus, créé la semaine dernière, ont clairement fait savoir que Biden rejette un confinement de l'économie, la seule action qui permettrait d'éviter un hiver de mort et de maladie dévastatrices pendant que les travaux sur le développement, la production et la distribution d'un vaccin se poursuivent.

Cette attitude est d'autant plus criminelle que les progrès réalisés dans le développement des vaccins sont énormes, à commencer par l'annonce de Pfizer selon laquelle son vaccin s'est révélé efficace à 90 % lors d'essais de troisième phase impliquant 40.000 volontaires. Tous les décès dus au COVID-19 qui surviennent au cours des mois qui séparent la mise au point du vaccin de sa distribution à grande échelle sont de la seule responsabilité des fonctionnaires et des chefs d'entreprise qui forcent des millions de personnes à aller travailler malgré les preuves que les grands lieux de travail sont des points centraux d'infection dans la pandémie.

Les collaborateurs de Biden qui ont participé aux émissions télévisées de dimanche ont donné des réponses uniformes sur la politique en matière de coronavirus, clairement coordonnées avec le candidat: il n'y aura pas de nouveau confinement; ceux qui sont infectés portent la responsabilité de ne pas avoir porté de masque, de ne pas avoir pris de distance sociale et de ne pas s'être lavé les mains; il n'y aura pas de nouvelles ressources pour payer les perturbations économiques liées au coronavirus, à moins qu'il n'y ait un soutien bipartite du Congrès; Biden ne peut rien faire contre la pandémie avant de devenir président le 20 janvier 2021.

Même cela est discutable, car Trump refuse de céder et continue à comploter pour annuler les résultats des élections.

L'ancien chirurgien général Vivek Murthy, coprésident du groupe de travail de Biden sur le coronavirus, a participé à l'émission «Fox News Sunday» et a également donné une interview à la radio publique nationale. Dans les deux cas, il a accusé la population d’être responsable, et non les grandes entreprises et le gouvernement, de la résurgence de COVID-19, en citant ce qu'il a appelé «la fatigue de la pandémie».

«Les gens baissent leur garde en termes de rassemblements sociaux», a-t-il déclaré, citant les soupers et autres événements à petite échelle. Il n'a rien dit des usines et des entrepôts où des centaines ou des milliers de personnes travaillent côte à côte avec à peine une prétention de distanciation sociale.

Il a appelé à se concentrer sur «l'expansion de la capacité de test et de notre force de recherche des contacts». C'est bien beau, mais ces mesures n'empêchent pas la propagation du virus, elles ne font que le détecter.

Il a appelé à «une orientation fondée sur des preuves pour les écoles, les entreprises et les organisations religieuses», un langage qui suppose que les écoles et les lieux de travail resteront ouverts et que les églises organiseront des services, indépendamment d'une pandémie mortelle.

Lorsque son interlocuteur de la Fox a insisté pour qu’il explique quelle était l'opinion de Biden sur un confinement, Murthy a répondu: «C'est une mesure de dernier recours», ajoutant: «Si nous nous contentons de confiner, nous allons exacerber la fatigue de la pandémie. Nous devons aborder cette question avec un scalpel plutôt qu'avec la force brute d'une hache».

Le Dr Atul Gawande, un autre membre du groupe de travail Biden, est apparu à l'émission «This Week» de la chaîne ABC. On lui a posé directement la question de la possibilité d'un confinement et il a répondu sans ambages: «Nous ne sommes pas en faveur d'un confinement national et nous pensons qu'il n'y a tout simplement pas de scénario qui le justifie, parce que nous pouvons maîtriser la situation».

Il a poursuivi en appelant à «des mesures ciblées s'appuyant sur le port de masques pour inclure des tests à grande échelle, pour inclure des restrictions et la capacité de moduler ces mesures qui doivent être prises sur une base plus localisée».

Un autre membre du groupe de travail, le Dr Michael Osterholm, est apparu à l'émission «Meet the Press» de NBC News. Il a carrément averti que dans l'intervalle entre le développement d'un vaccin et sa distribution à grande échelle, une question de mois, «nous sommes dans une période très dangereuse, la période de santé publique la plus dangereuse depuis 1918», lorsqu'une pandémie mondiale de grippe a tué 50 millions de personnes dans le monde.

Les vaccins apporteront un changement fondamental, a-t-il dit, mais tant qu'ils ne seront pas largement disponibles, il faudra faire tout ce qui est possible pour sauver des vies, quel qu'en soit le coût. Osterholm avait auparavant appelé à un confinement national, les travailleurs et les petits entrepreneurs étant dédommagés pour les pertes de salaires et de revenus.

Dimanche, il a conclu: «Vous savez, ma pire crainte est ce que nous avons vu se produire dans d'autres pays, où des gens mouraient dans les rues. Des gens mouraient littéralement dans la salle d'attente des urgences après avoir passé dix heures à attendre d'être vus. Cela va commencer à se produire.

«Les médias vont commencer à en parler et nous verrons l'ampleur et la profondeur de cette tragédie. J'espère que ce n'est pas ainsi que nous déciderons enfin de réduire notre risque qui existe quand on partage le même air. Nous devons arrêter de faire cela. Et donc, je pense que c'est la rupture du système de santé, littéralement la rupture, qui nous amènera malheureusement à prendre conscience de ce que nous devons faire à court terme».

La campagne Biden avait auparavant désavoué la déclaration antérieure du Dr Osterholm appelant à un confinement de quatre à six semaines pour sauver des vies, et il avait été contraint de prendre publiquement ses distances par rapport à son travail pour la transition Biden. Mais la campagne était clairement consciente que le docteur devait apparaître sur «Meet the Press» et qu'il allait probablement s'écarter de la position stricte de Biden, anticonfinement et propatronal.

Ainsi, Ron Klain, nouvellement désigné comme le chef de cabinet de Biden à la Maison-Blanche, a été mis à disposition pour apparaître dans l'émission immédiatement après Osterholm, presque comme témoin de réfutation.

Klain a clairement indiqué que Biden ne demanderait qu'un simple mandat d'obligation nationale du port du masque, et non un confinement. Lorsque l'interviewer Chuck Todd l'a interrogé sur la déclaration d'Osterholm selon laquelle les personnes touchées économiquement par un confinement devaient être dédommagées pour leur perte de salaire et de revenu, Klain n'a fait qu'une vague référence à l'action bipartite du Congrès pendant la session actuelle de la Chambre des représentants, avant que Biden ne devienne président.

(Article paru en anglais le 16 novembre 2020)

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