L’Université de Yale a accueilli une conférencière qui a fait part de ses fantasmes de meurtre de personnes blanches

Une psychiatre new-yorkaise invitée à donner une conférence à l’Université de Yale a parlé de ses fantasmes meurtriers de personnes blanches, tout en insistant sur le fait que le racisme est une partie inhérente de la «blancheur». Les responsables de l’université ont depuis restreint l’accès du public à la conférence tout en prenant leurs distances par rapport aux commentaires afin de minimiser leur rôle dans la promotion de ces conceptions rétrogrades.

La conférence en ligne du 6 avril, intitulée «Le problème psychopathique de l’esprit blanc», a été présentée par le Child Study Center de la Yale School of Medicine et donnée par la Dre Aruna Khilanani. L’affiche annonçant l’événement énumère plusieurs «objectifs d’apprentissage», parmi lesquels: «Présenter l’absence d’empathie des Blancs envers la rage des Noirs comme un problème» et «Comprendre comment les Blancs sont psychologiquement dépendants de la rage des Noirs».

Dans sa diatribe pleine de blasphèmes, la Dre Khilanani a identifié la cause profonde du racisme comme étant «l’esprit blanc».

Campus de l’Université de Yale [Photo: Pixabay]

«C’est le prix à payer pour parler aux Blancs», a-t-elle déclaré. «Le coût de votre propre vie, alors qu’ils vous prennent tout. Il n’y a pas de bonnes pommes. Les Blancs me font sortir de mes gonds.» Elle poursuit: «Je rêvais de décharger un revolver dans la tête de n’importe quel Blanc qui se mettait en travers de mon chemin, d’enterrer son corps et d’essuyer mes mains ensanglantées en m’en allant relativement innocente, le pas léger. Comme si j’avais fait une putain de faveur au monde.»

Elle a parlé à plusieurs reprises de la futilité de parler de la race aux Blancs: «Les Blancs ont perdu la tête, et ce depuis longtemps... Nous continuons à oublier que parler directement de la race est une perte de temps. Nous demandons à un prédateur dément et violent, qui se prend pour un saint ou un superhéros, d’accepter ses responsabilités. Ça n’arrivera pas. Ils ont cinq trous dans le cerveau. C’est comme se frapper la tête contre un mur de briques. Ce n’est vraiment pas une bonne idée.»

Elle a ensuite ajouté: «Nous devons nous rappeler qu’il est inutile de parler directement de la race aux Blancs, car ils se situent au mauvais niveau de conversation. Aborder le racisme suppose que les Blancs peuvent voir et traiter ce dont nous parlons. Ce n’est pas le cas. C’est pourquoi ils semblent déments. Ils ne savent même pas qu’ils portent un masque. Les Blancs pensent que c’est leur vrai visage. Nous devons apprendre à connaître le masque.»

Elle a parlé avec joie de la façon dont elle a éliminé tous les Blancs de sa vie: «J’ai pris certaines mesures... Je me suis systématiquement débarrassée de la plupart de mes amis blancs, et je me suis débarrassée des deux ou trois BIPOC blancs [noirs, autochtones et personnes de couleur] qui se sont glissés dans mon équipe, aussi.»

Face à la controverse croissante, l’université s’est efforcée de prendre ses distances par rapport à ce discours. La faculté de médecine de Yale a publié une déclaration qualifiant le contenu du discours d’«antithétique aux valeurs de l’école». La déclaration poursuit: «En décidant de publier la vidéo, nous avons mis en balance nos graves préoccupations concernant l’hostilité extrême, les images de violence et les injures exprimées par la conférencière et notre engagement en faveur de la liberté d’expression. Nous avons finalement décidé de publier la vidéo avec un accès limité à ceux qui auraient pu assister à la conférence – les membres de la communauté de Yale.»

Cela équivaut à une tape sur les doigts pour un discours de haine flagrant et une incitation à la violence. On peut se demander pourquoi l’Université de Yale, une institution de l’Ivy League où sont formés les futurs dirigeants du régime bourgeois, accueille un discours dont le titre implique que «l’esprit blanc» est intrinsèquement «psychopathe». Cela révèle quelque chose sur les sections de la classe dirigeante représentées par le Parti démocrate, où les politiques identitaires sont devenues monnaie courante.

Quant à la conférencière, son origine sociale est typique des membres des classes moyennes aisées. Décrite sur son site Internet comme «psychiatre judiciaire et psychanalyste, spécialisée dans la violence, le racisme et les identités marginalisées», Khilanani a suivi une formation à l’Université de New York, à Cornell et à Columbia.

Isolée dans son milieu social privilégié, sa vision du monde totalement irrationnelle – selon laquelle tous les Blancs, quel que soit leur statut socio-économique, ont un «privilège» inhérent qui leur confère un avantage sur les autres «races» – est le fruit de son divorce total avec les dures réalités auxquelles sont confrontés les travailleurs de toutes les origines ethniques. Lorsqu’on lui a demandé dans une interview pourquoi tant de Noirs et d’Hispaniques avaient voté pour Donald Trump en 2020, elle a répondu: «C’est la blancheur intériorisée.» À la place de l’analyse scientifique, la pseudo-gauche a trouvé beaucoup plus facile d’invoquer l’homme de paille de la «blancheur» pour expliquer tout ce qui contredit leurs théories racialistes.

Ses opinions ne sont pas anormales, même dans son domaine. Un article de Donald Moss publié le 27 mai dans le Journal of the American Psychoanalytic Association et intitulé «On Having Whiteness» décrit la «blancheur» comme «un état néfaste, de type parasitaire, auquel les 'blancs' sont particulièrement sensibles». Il poursuit: «La blancheur parasitaire rend les appétits de ses hôtes voraces, insatiables et pervers. Ces appétits déformés visent particulièrement les peuples non blancs.» Pour de telles couches, la pensée antiscientifique et les conceptions irrationalistes sont devenues le goût du jour.

Dans ce contexte, les propos de Khilanani ne représentent pas les divagations d’un individu particulièrement dérangé, mais l’articulation de la vision du monde de ces couches aisées qui utilisent la politique identitaire comme une arme pour accéder à une plus grande richesse et à une plus grande influence.

Cette forme de commentaire ne peut avoir d’autre but que d’attiser les haines raciales. Lorsque des éléments de la pseudo-gauche soutiennent que tous les Blancs ont une prédisposition innée au racisme et à l’oppression, la seule conclusion logique est un chemin vers la ségrégation et la guerre raciale. En cela, ils forment une sorte de relation symbiotique avec l’extrême droite; en fait, ils se nourrissent l’un de l’autre. L’affirmation de Khilanani selon laquelle il est «inutile» de parler de la «race» aux Blancs – en d’autres termes, qu’il ne peut y avoir de réconciliation possible entre les Blancs et les autres «races» – serait certainement approuvée par les suprématistes blancs et les néonazis.

S’il ne fait aucun doute que le racisme existe – et qu’il est activement cultivé parmi certaines couches arriérées, y compris parmi les policiers et les militaires – il existe en tant qu’expression particulièrement putride de la domination du capital financier sur la classe ouvrière.

Au moment où les travailleurs américains et internationaux s’engagent dans d’énormes luttes contre leurs exploiteurs, le rôle de classe de la pseudo-gauche – exprimé sous une forme particulièrement malade par l’orateur de Yale – est de saboter l’unité de la classe ouvrière en fomentant des divisions ethniques, de genre et autres divisions arbitraires, dont le but ultime est de sauvegarder le capitalisme.

Les socialistes authentiques insistent sur le fait que pour mettre fin à toutes les formes d’oppression et d’exploitation, il faut que la classe ouvrière attaque de front le système capitaliste. Ceci nécessite à son tour une lutte sans merci pour l’unité essentielle de la classe ouvrière face aux provocations de division des agents de l’ennemi de classe.

(Article paru en anglais le 13 juin 2021)

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