Révolution Permanente appelle les syndicats à rejoindre les manifestations anti-vaccin

Le site de pseudo-gauche Révolution permanente donne un vernis de «gauche» à la mobilisation des néofascistes contre une politique sanitaire scientifique face au coronavirus. Se faisant l’écho des arguments cités par Mélenchon et la France insoumise (LFI) pour appeler à manifester contre les vaccins en même temps que l’extrême-droite, Révolution permanente appelle les appareils syndicaux à rejoindre ce mouvement.

Le «passe sanitaire» de Macron est une politique réactionnaire à laquelle s’opposent le Parti de l’égalité socialiste (PES) et le World Socialist Web Site. Sans éduquer les soignants et le reste de la population sur la nécessité de la vaccination, Macron les prive autoritairement de salaire s’ils refuseraient de se faire vacciner. Ceci fait partie d’une politique menée par la classe dirigeante à travers toute l’Union européenne d’imposer le retour au travail et à l’école et de laisser le virus se propager au mépris des recommandations scientifiques.

Des manifestants anti-vaccins défilent lors d'un rassemblement à Strasbourg, samedi 17 juillet 2021. (AP Photo/Jean-Francois Badias)

Toutefois, le PES insiste que la lutte contre la pandémie et contre la dictature policière est une lutte internationale, à mener scientifiquement et en mobilisant les travailleurs en toute indépendance des partis capitalistes et des appareils syndicaux. Or, Révolution permanente s’engage sur un chemin diamétralement opposé, en appelant les appareils syndicaux à intervenir pour orienter des couches de travailleurs dans des manifestations lancées à l’appel de l’extrême-droite.

C’est ce qui ressort de sa déclaration réactionnaire, intitulée « Contre l’autoritarisme de Macron, pour une véritable stratégie sanitaire: dans la rue ce samedi!» Ils ont salué « un élargissement de la mobilisation qui est allée de pair avec une radicalité certaine, comme à Poitiers où les manifestants ont envahi la mairie pour décrocher un portrait de Macron». Si « le mot d’ordre central demeure l’opposition au pass sanitaire», ils ont applaudi «plusieurs appels» des manifestants faisant «le lien entre cette attaque autoritaire et les attaques anti-sociales du gouvernement».

Or, ces manifestations sont hostiles à la vaccination, nécessaire pour limiter les morts de Covid-19. De plus, Révolution permanente savait bien que ces manifestations étaient à l’appel de néofascistes tels que Marion Maréchal Le Pen, de l’ex conseiller de Marine le Pen, Florian Philippot ou encore de Nicolas Dupont-Aignan, ou de libertaires au sein de LFI comme François Ruffin. Ils ont écrit :

« Si l’extrême-droite a pu intervenir et appeler à la mobilisation, la teinte générale des revendications est marquée par un caractère confus, expression d’une politisation initiale. Une politisation produite et marquée par le discrédit de la parole publique, qui ouvre un important espace aux doutes, parfois légitimes, quant à la vaccination ».

Révolution permanente a ensuite applaudi des appareils syndicaux qui dénoncent la vaccination. S’ils critiquaient les appareils syndicaux, c’était uniquement pour ne pas avoir soutenu plus agressivement le mouvement de l’extrême-droite. Ils ont poursuivi :

« de nouvelles franges du mouvement ouvrier ont par ailleurs appelé à rejoindre le mouvement. A l’image de la Fédération CGT du Commerce, mais également de structures locales comme à Dreux ou dans les Bouches-du-Rhône où la CGT et FO appellent conjointement à se mobiliser. Des appels qui comportent cependant la limite de ne pas s’accompagner d’appel à la grève, et qui ne suffisent pas à pallier la passivité honteuse des directions syndicales. Une passivité qui fait le jeu de l’extrême-droite, qui sera à nouveau présente demain pour tenter de récupérer le mouvement ».

En fait, l’extrême-droite ne récupère pas ce mouvement. Elle l’a lancé. Révolution permanente falsifiait ici les origines de ces mobilisations dans les appels de l’extrême-droite qu’ils venaient pourtant d’analyser. Le but était manifestement de dissimuler leur alignement de plus en plus direct sur les activités politiques de l’extrême-droite.

Une colère explosive monte contre la classe dirigeante à travers l’Europe et le monde, qui a refusé les mesures sanitaires nécessaires pour stopper la pandémie. Plutôt que de suivre une politique de distanciation sociale, avec un confinement strict pour stopper la transmission du virus suivi d’une politique de traçage pour empêcher une résurgence du virus, ils ont fait des confinements partiels à répétition et appelé à « vivre avec le virus». Après plus de 110.000 morts en France et 1,1 millions en Europe, l’émergence du variant delta menace une nouvelle vague de morts.

Une crise sanitaire et politique internationale se profile, avec la possibilité d’une mobilisation indépendante de la classe ouvrière pour imposer une politique sanitaire scientifique. En mars 2020 c’étaient des débrayages spontanés à travers l’Italie et l’Europe qui avaient imposé une politique de confinement strict pour permettre aux travailleurs de s’abriter chez eux. Mais la réaction de Révolution permanente à cette crise est d’essayer d’aligner des soignants en colère et désespérés derrière l’extrême-droite.

La vaccination obligatoire contre de nombreuses maladies dont le coronavirus n’est pas une atteinte aux droits démocratiques, comme l’affirme Révolution Permanente. Elle fait partie des acquis sociaux obtenus par les luttes de la classe ouvrière au 20e siècle qui ont permis d’améliorer l’espérance de vie ouvrière. La vaccination contre le coronavirus est une exigence élémentaire de santé publique et d’autodéfense de la classe ouvrière.

Les arguments fournis par Révolution permanente pour justifier leur alignement contre la science et sur les appels à manifester de l’extrême-droite sont frauduleux. D’abord, dans un article intitulé « Quelques éléments d’analyse sur la mobilisation naissante contre le passe sanitaire », Révolution permanente insiste que les mobilisations appelées par l’extrême-droite contre la vaccination sont similaires au mouvement des « gilets jaunes» :

«Premièrement, du fait du caractère interclassiste de ces mobilisations avec une importante présence de franges petites-bourgeoises et ouvrières, primo-manifestantes, qui se sont mobilisées face à Macron dans le cadre d’un processus de politisation initial. Deuxièmement, le caractère spontané des manifestations largement organisées sur les réseaux sociaux, sans parcours précis, ni mot d’ordre et organisation claire. Le caractère globalement pacifique des manifestations rappelle aussi les illusions sur la non-violence qui animaient les toutes premières manifestations de Gilets jaunes. Enfin, les manifestations ont exprimé un fort contenu anti-Macron, cristallisant la colère avec le retour du ‘Macron démission ’».

Il est vrai qu’une couche de « gilets jaunes » a rejoint les manifestations antivaccin à l’appel des néofascistes, ce qui souligne les faiblesses d’un mouvement qui se veut «apolitique». Néanmoins, il est faux de comparer des mobilisations antivaccin organisées à l’appel de l’extrême-droite à un mouvement comme celui des «gilets jaunes». Ceux-ci faisaient partie d’une explosion internationale de grèves et de manifestations qui luttaient contre les inégalités sociales.

Alors que les « gilets jaunes » disposaient du soutien d’une écrasante majorité des Français, tout comme les grèves contre les attaques sur les retraites, ce mouvement est minoritaire. Environ 70 pour cent des Français soutiennent le « pass sanitaire », non pas parce que la politique sanitaire de Macron est populaire, mais par soutien pour la vaccination.

Les néofascistes qui ont lancé ces manifestations, par contre, sont les partisans les plus féroces d’une réouverture totale et anti-scientifique de l’économie en pleine pandémie. Comme leurs ancêtres politiques dans les dictatures fascistes génocidaires du 20e siècle, ils incarnent la haine que voue l’élite dirigeante à l’égalité. Et en effet, grâce aux plans de relance pendant la pandémie, les milliardaires européens ont augmenté leur patrimoine collectif de plus de 1.000 milliards de dollars pendant la pandémie alors que celle-ci faisait 1,1 millions de morts en Europe.

Dans leur politique mortifère, l’aristocratie financière européenne a obtenu le concours des appareils syndicaux français. En effet, la CGT a paraphé le plan de relance européen qui a accordé plus de €750 milliards aux banques et aux grandes sociétés à condition de stopper les politiques de distanciation sociale contre la pandémie.

Ceci démasque le rôle contre-révolutionnaire des forces petites-bourgeoises dans Révolution permanente, comme du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) dont elles sont issues. Le NPA a calomnié les « gilets jaunes » en les traitant de « foire poujadiste », c’est-à-dire néofasciste, afin de justifier son hostilité à un mouvement social lancé indépendamment des appareils syndicaux sur les réseaux sociaux. Par contre, Révolution permanente s’aligne sur des manifestations antivaccins véritablement appelées par l’extrême-droite.

Pour masquer le caractère réactionnaire de la politique qu’ils mènent, Révolution Permanente appelle les appareils syndicaux à intervenir, prétendument afin de gauchiser le mouvement :

« Pour autant, il serait tout autant erroné qu’en 2018 d’assimiler les composantes les plus réactionnaires du mouvement à l’ensemble des manifestants. Après avoir réuni plus de cent mille personnes un 17 juillet, ce processus de mobilisation pourrait constituer les prémices d’un mouvement non réactionnaire contre le gouvernement. C’est donc un devoir des organisations du mouvement ouvrier et des révolutionnaires que de faire tout ce qui est à leur portée pour développer et donner une perspective de classe à la politisation en cours, en proposant leurs revendications et leurs méthodes de lutte ».

Il est sans doute vrai que les manifestations sont très hétérogènes. Des soignants et des « gilets jaunes » y participent. Mais loin d’intervenir pour clarifier les questions politiques, pour s’opposer à la furie anti-vaccinale des néofascistes comme à la politique réactionnaire de Macron, Révolution permanente tente de renforcer l’emprise des appareils syndicaux et de les aligner sur l’extrême-droite.

Les assurances de Révolution permanente selon lesquelles leur intervention dans le mouvement antivaccin le poussera à gauche reflète une complaisance politiquement criminelle. Des centaines de milliers de vies sont menacées en Europe par le coronavirus, et des officiers néofascistes menacent de mener un coup d’État sur le sol français, mais ils s’alignent sur une campagne d’extrême-droite. En même temps, ils font le silence sur les tribunes publiées par des officiers dans Valeurs actuelles pour menacer de lancer des opérations militaires et tuer des milliers de gens sur le sol français.

Rien de progressiste ne sortira de l’alliance rouge-brun entre l’extrême-droite, les bureaucraties syndicales et la pseudo-gauche qu’ils dessinent. Le bilan de la pratique sordide du NPA de couvrir des mouvements d’extrême-droite doit servir d’avertissement aux travailleurs sur le rôle que joue actuellement Révolution permanente.

En effet, Révolution Permanente a été fondé comme fraction du NPA après que celui-ci ait soutenu de coup d’État néofasciste lancé par la CIA en Ukraine contre le régime pro-russe, en 2014. Le NPA se justifiait ainsi: « Alors que les principales forces organisées sont pour l’instant, de droite et d’extrême droite, nous soutenons les forces sociales et politiques qui essaient de bâtir une opposition de gauche au sein du mouvement ».

Le résultat a été l’avènement en Ukraine d’un régime d’extrême-droite, le déclenchement d’une guerre civile entre l’ouest et l’est du pays, et l’effondrement de son économie. Finalement, le régime ukrainien a accordé une retraite d’honneur aux anciens combattants des milices nationalistes ukrainiennes qui avaient participé au génocide des Juifs aux côtés des troupes nazies en Union soviétique pendant la Deuxième Guerre mondiale.

Le Parti de l’égalité socialiste lutte pour mobiliser les travailleurs à l’échelle internationale pour mettre un terme à la pandémie et à la course des élites capitalistes vers la dictature. Ceci implique la fermeture des lieux non essentiels et l’expropriation de l’aristocratie financière pour permettre de mettre à l’abri la population et la vaccination la plus large possible. Mener une telle politique présuppose une révolution sociale qui placerait le pouvoir aux mains de la classe ouvrière non seulement en France, mais à travers l’Europe et le monde.

La construction de comités de base sur chaque école ou lieu de travail permettrait de veiller à la sécurité et à la santé des travailleurs et des jeunes, et de les mobiliser en faveur d’une politique sanitaire scientifique et contre à la fois Macron et le danger d’un coup d’État néofasciste. La construction d’une telle Alliance ouvrière internationale de Comités de base, indépendante des appareils syndicaux nationaux, nécessite toutefois une rupture consciente et sans merci contre le confusionnisme véhiculé par Révolution permanente.

Voir aussi:

Mélenchon soutient la manifestation anti-vaccinale à l’appel des néofascistes
[19 juillet 2021]

Savas Michael-Matsas fait l’éloge des forces nationalistes dans la région du Donbass, dans l’est de l’Ukraine
[15 juillet 2021]

Le Nouveau Parti anticapitaliste soutient le putsch fasciste en Ukraine
[6 mai 2014]

Loading