Face à une 6e vague de COVID, le gouvernement du Québec continue à faire passer les profits avant les vies

Tout indique qu’une sixième vague de la pandémie de COVID-19 est en cours au Québec, alimentée par le variant Omicron BA.2 qui est jusqu’à 30% plus contagieux que le premier variant Omicron et qui représente désormais les deux tiers des cas.

Après plusieurs semaines consécutives de baisse à la suite des ravages de la vague Omicron des mois de décembre et janvier, les hospitalisations sont de nouveau en hausse. La dernière fin de semaine a vu un nombre combiné de 60 nouvelles hospitalisations. Lundi, 27 se sont ajoutées. Au moment d’écrire ces lignes, 1.115 personnes sont hospitalisées en raison de la COVID-19, une hausse de plus de 10% en une semaine.

Le directeur de la Santé publique du Québec, le Dr Luc Boileau, a minimisé l’ampleur et les dangers de la 6e vague de Covid qui a commencé au Québec. (Crédit photo: Médecins francophones du Canada)

La province enregistre officiellement entre 1.600 et 1.800 nouveaux cas par jour, mais la restriction des tests PCR à une infime portion de la population signifie que le vrai nombre est beaucoup plus élevé.

Les experts du centre interuniversitaire CIRANO estiment que le nombre réel de nouveaux cas quotidiens durant la semaine du 17 au 22 mars se situait entre 13.500 à 19.500. Ces chiffres sont aussi élevés que ceux enregistrés au début de la vague Omicron, jusqu’à ce que le gouvernement de droite de la Coalition Avenir Québec (CAQ) interdise l’accès aux tests PCR à la population générale le 9 janvier 2022.

Les taux de positivité des résultats de ces tests sont en hausse et atteignent 15% dans certaines régions du Québec. Rappelons que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) considère que la pandémie est hors de contrôle lorsque le taux de positivité dépasse 5%.

L’augmentation des infections au sein du personnel de la santé est encore plus marquée: environ 8.600 sont absents en raison de la COVID, une hausse de 60% sur une semaine.

Pointant cette dernière statistique, ainsi qu’une hausse des éclosions dans les résidences pour aînés, le Dr Donald Vinh, un spécialiste en maladies infectieuses au Centre universitaire de santé de l’Université McGill, a averti qu’une sixième vague était en cours dans la province. «Je pense que ce sont des indicateurs qui ne peuvent pas être ignorés et interprétés autrement que de dire que cette vague a déjà commencé», a-t-il dit en entrevue.

Le danger d’une nouvelle vague potentiellement plus mortelle de COVID-19 se profile dans l’ensemble du Canada. En Ontario, les données sur les eaux usées suggèrent que les cas sont en hausse depuis au moins la mi-mars. La Saskatchewan a fait savoir que le sous-variant BA.2 représentait plus d'un quart des cas au cours de la semaine du 13 au 19 mars, contre 5,4% la semaine précédente. Et la Colombie-Britannique a annoncé une hausse des hospitalisations ces derniers jours.

Malgré ces données alarmantes, le gouvernement de la CAQ, dirigé par le multimillionnaire ex-PDG d’Air Transat François Legault, continue de prioriser les profits des banques, de la grande entreprise et des riches actionnaires.

Ayant annoncé l’élimination brutale et imprudentede toutes les mesures de lutte à la pandémie en l’espace de quelques semaines au mois de février, le gouvernement du Québec cherche maintenant à minimiser l’ampleur et les dangers de la nouvelle vague.

Dans une conférence de presse tenue dimanche, le directeur de la Santé publique du Québec (SPQ), le Dr Luc Boileau, a dû reconnaître que le sous-variant BA.2 plus contagieux était maintenant dominant dans la province. Mais il a dit qu’il ne «peut pas confirmer pour l’instant qu’il s’agit vraiment d’une sixième vague», qualifiant plutôt la situation de «hausse qui continue de s’installer», une distinction purement verbale qui vise uniquement à minimiser la situation.

Après les rapports euphoriques sur le «rebond de l’économie québécoise» parus dans la foulée de l’annonce le 24 mars que le PIB de la province a augmenté de 6,1% en 2021, la dernière chose que la classe dirigeante est prête à accepter est un retour aux confinements et aux autres mesures susceptibles d’empiéter sur les profits.

Les propos de Boileau lors de la conférence de presse du 27 mars ont aussi révélé que le gouvernement était tout à fait conscient que l’élimination des mesures de mitigation de la pandémie allait entraîner une nouvelle vague d’infections de masse, d’hospitalisations et de décès. Il a admis que le gouvernement se «préparait à une hausse des cas», que c’était «un risque calculé» et l’augmentation des infections «n’est pas une surprise».

Démontrant toute l’indifférence de ces serviteurs de la classe capitaliste pour la vie humaine, le «médecin en chef du Québec» a ajouté qu’il anticipait que la nouvelle vague ne provoquerait «que» la moitié des cas qui ont été vus en janvier dernier durant la vague Omicron. Environ 3 millions de Québécois ayant été infectés à ce moment selon les estimations du gouvernement, cela revient à dire que le gouvernement Legault est maintenant prêt à accepter l’infection additionnelle d’un million et demi de personnes.

En fait, non seulement est-il prêt à l’accepter, le gouvernement de la CAQ n’entend rien faire pour l’empêcher. Le 23 mars, alors que les médias révélaient que la SPQ avait averti en secret le réseau de la santé de se préparer à une nouvelle vague, le premier ministre Legault a déclaré que son gouvernement n’avait «pas de plan pour ajouter des consignes». Le lendemain, Legault a annoncé qu’il avait été infecté par le virus. Depuis, une ministre de son gouvernement et sept députés de divers partis ont aussi été déclarés positifs.

Le Dr Boileau a aussi profité de sa conférence de presse du 27 mars pour marteler le message qu’il n’y aura pas de retour aux mesures de mitigation (atténuation) du coronavirus. Il a déclaré qu’«il n’est pas question» de remettre des mesures de santé publique en place. Il n’a pas voulu prendre position sur la prolongation de l’obligation de porter le masque en public, la toute dernière mesure restante, qui doit prendre fin le 15 avril prochain.

Reprenant le refrain de Legault, le Dr Boileau a déclaré qu’il était temps «d’apprendre à vivre avec le virus en continu». Alors que les tests de dépistage ne sont pas disponibles pour la majorité de la population, que le gouvernement a démantelé son système de recherche des contacts, qu’il ferme certains centres de vaccination et que la SPQ n’est même pas capable de séquencer les échantillons pour suivre l’évolution du variant BA.2, «apprendre à vivre avec le virus» signifie en fait accepter l’infection de masse, les hospitalisations et la mort de dizaines de personnes chaque jour, sans fin en vue.

La succession rapide des vagues Omicron et Omicron BA.2 à moins de 2 mois d’intervalle démontre le caractère frauduleux du scénario présenté par le gouvernement et certains experts malhonnêtes selon lequel la COVID-19 est devenue «endémique» et rien de plus qu’une grippe qui frappera le Québec de façon bénigne une fois par année, à l’hiver.

Pour tenter de camoufler sa politique délibérée qui consiste à sacrifier les vies humaines pour que les capitalistes du «Québec inc.» continuent à se gorger des profits produits par l’exploitation de travailleurs entassés dans des milieux de travail dangereux, le gouvernement joue de nouveau la carte de «la responsabilité personnelle». Le Dr Boileau a ainsi déclaré que les infections se produisaient surtout dans les rassemblements en famille et entre amis et qu’il faut que «chaque personne agisse de façon responsable».

La fausseté de cette façon individualiste de voir la maladie a été révélée lorsque le Dr Boileau a admis que les personnes infectées par le variant BA.2 pouvaient être contagieuses jusqu’à 10 jours. Puisque le gouvernement n’exige qu’un confinement de 5 jours – pour les personnes symptomatiques seulement, les personnes asymptomatiques n’ont aucune obligation de confinement – le Dr Boileau a hypocritement demandé aux personnes malades de «surprotéger les autres» s’ils reprennent leurs activités après 5 jours, notamment en portant le masque. De cette façon, le gouvernement pourra blâmer l’inévitable montée des cas et l’augmentation des décès sur l’imprudence des Québécois.

En réalité, la maladie se propage avant tout dans les milieux de travail et dans les écoles et la sixième vague est le résultat de l’élimination prématurée des mesures de mitigation par le gouvernement Legault.

En Europe, où le variant BA.2 fait des ravages depuis déjà quelques semaines, le directeur régional de l’Organisation mondiale de la santé, le Dr Hans Kluge, a déclaré la semaine dernière que les cas remontaient parce que les gouvernements de certains «pays ont levé les restrictions brutalement».

La pandémie de COVID-19 est un problème collectif et international. L’élimination du virus nécessite un programme social coordonné au niveau mondial comprenant des mesures telles qu’un confinement complet de plusieurs semaines avec indemnisation aux travailleurs, un système efficace de recherche des contacts, l’isolation des personnes infectées ou susceptibles de l’être et la vaccination de masse.

Comme le démontre la politique adoptée par le gouvernement Legault avec le plein appui du gouvernement fédéral de Justin Trudeau, et par presque tous les gouvernements du monde depuis plus de deux ans, un tel programme est impensable dans le cadre du système capitaliste puisqu’il empiéterait sur les profits privés et l’accumulation de richesses fabuleuses par une infime portion de la population mondiale.

C’est la classe ouvrière, la seule classe progressiste de la société, qui est investie de la mission historique d’éliminer la COVID-19 par l’implantation d’un programme guidé par les meilleures connaissances médicales et scientifiques – un programme socialiste, axé sur la protection des vies humaines et la satisfaction des besoins sociaux, plutôt que la recherche du profit individuel.

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