La bureaucratie CGT à la manœuvre pour mettre fin à la grève dans les raffineries

Alors qu’une puissante grève pour réclamer des augmentations de salaires face à l’inflation provoque une importante pénurie de carburant à travers la France, l’appareil de la CGT cherche à étouffer la grève des travailleurs des raffineries.

La capitulation des directions syndicales et de la CGT devant Macron souligne la justesse de l’analyse du WSWS et du PES. La voie à suivre est une insurrection politique des travailleurs contre les bureaucraties syndicales nationales et de ses alliés. Les travailleurs doivent construire des comités de base pour s’opposer à la répression, l’austérité et la guerre, et se relier aux organisations de lutte construites parleurs frères et sœurs de classe dans le monde entier.

Trois semaines après le début du conflit, les travailleurs de deux sites pétroliers de TotalEnerges,  «Flandres» à Mardyck dans le Nordet près de Dunkerque (raffinerie et dépôt), et de La Mède dans les Bouches-du-Rhône, ont décidé de suspendre leur mobilisation. Plus tôt dans la journée, la fin de la grève a été votée à la raffinerie de Donges. Le mouvement a été reconduit sur deux autres sites du groupe, à Gonfreville (raffinerie et dépôt) et au dépôt de Feyzin dans le Rhône.

Les justifications pour l’arrêt de la grève dans ces raffineries de TotalEnergies sont floues, ce qui laisse penser que les travailleurs n’ont rien obtenu de plus que l’accord signé par la CFDT et CFE-CGC, soit une augmentation de salaire de 7 pour cent (5 pour cent garantie pour les non-cadres) et des primes allant de 3.000 à 6.000 euros et rétroactive au 1er novembre 2022. Les travailleurs avaient rejeté cet accord, ce qui avait obligé la CGT a poursuivre la grève.

Les travailleurs de TotalEnergies s’étaient mis en grève, suivant l’exemple des travailleurs des deux raffineries de ExxonMobil en France où les travailleurs demandaient des augmentations de salaires de 10 pour cent. Un tiers des stations services faisaient face à une situation de rupture sur au moins un produit, selon le ministère de l’Énergie.

Sous prétexte d’un accord trouvé majoritaire avec la CFDT et CFE-CGC pour une augmentation de salaire en dessous de l’inflation, Borne a fait réquisitionner quatre grévistes à la raffinerie Exxon de Port Jérome-Gravenchon, près du Havre. En réponse aux menaces de Borne, les travailleurs de la raffinerie de Donges et les agents de maintenance de cinq réacteurs nucléaires ont débrayé. Le gouvernement réquisitionna les travailleurs des dépôts de Feyzin par la suite, fragilisant un peu plus les travailleurs des raffineries en lutte.

L'action du gouvernement Macron est une attaque frontale contre le droit démocratique de grève. L'État vise à réprimer les grèves contre l'inflation, dans les raffineries menées par les travailleurs de manière beaucoup plus large. Les organisations syndicales n’ont pas cherché à mobiliser les travailleurs contre la répression brutale imposée par Macron.

L’appareil de la CGT a préféré endormir les travailleurs en minimisant politiquement ces réquisitions des travailleurs des raffineries.

La CGT a poursuivi en privé sa politique de longue date de «dialogue social» avec Macron et ses ministres, préparant ainsi sa propre trahison de la base. Après avoir visité le site de Port Jérôme mercredi soir pour «soutenir» les travailleurs en grève, la seule action annoncée par Philippe Martinez était un recours juridique contre les ordres de réquisition. Martinez a déclaré : «Je ne pense pas que réquisitionner des grévistes soit la meilleure façon d'avoir un dialogue.».

La manifestation interprofessionnelle de mardi, pour la direction des syndicats, devait servir de soupape pour les travailleurs et préparer la capitulation devant Macron. Des bureaucrates cégétistes ont annoncé la fin de la grève à la raffinerie de Donges: «Aujourd’hui, l’important était de sortir proprement de ce mouvement de grève, en cohésion, avec un collectif soudé», en invoquant la faible participation à leur journée d’action du 18 octobre: «L’élargissement que nous espérions n’était pas au rendez-vous.».

En réalité, les confédérations nationales de la CGT isolent et désarment les grévistes. Malgré les sommes énormes à leur disposition, les organisations syndicales n’organisent pas de caisse de grève à partir de leur fonds mais demandent aux travailleurs et aux étudiants de collecter de l’argent pour les grévistes. Ainsi, les travailleurs sont sous une énorme pression financière dès qu’ils se mettent en grève.

Pourtant, l'impact de la grève des travailleurs des raffineries démontre l'immense pouvoir de la classe ouvrière. Une mobilisation des700.000 travailleurs syndiqués par la CGT, dont beaucoup travaillent dans des industries qui occupent une position stratégique pour l'économie française, pourrait faire chuter le gouvernement Macron, largement détesté. Mais l’appareil cégétiste n’est pas hostile à Macron. Ce qu’elle craint par dessus tout, c’est la lutte de classes internationale poussée par la montée de l’inflation et la guerre entre l’Otan et la Russie.

Les bureaucraties syndicales et leurs alliés politiques de pseudo gauche font partie des mécanismes qui permettent à Macron et à son gouvernement de rester au pouvoir. Les travailleurs des raffineries ont été rejoint par les travailleurs de l’énergie, qui bloquent les chantiers de maintenance et de remise en état des réacteurs nucléaires pour réclamer des augmentations de salaires. En lâchant les travailleurs des raffineries, la direction de la CGT cherche à démoraliser les travailleurs de l’énergie en les isolant.

Profitant de la démobilisation de la classe ouvrière par les bureaucraties syndicales, Macron accélère son programme budgétaire d’inflation, d’austérité et de militarisme. Cependant la lutte des travailleurs des raffineries montre que les travailleurs cherchent à lutter contre Macron et l’UE. Une confrontation sociale explosive couve entre la classe ouvrière et Macron qui fait partie d’une lutte plus large de la classe ouvrière internationale contre les classes dirigeantes.

Les travailleurs des ports et des transports sont en lutte en Grande-Bretagne et en Afrique du Sud, les aiguilleurs du ciel à travers l’Afrique, les enseignants à travers l’Europe depuis l’Allemagne et la Norvège jusqu’en Serbie, au Kosovo en en Grèce. Aux USA, la colère ouvrière monte dans l’automobile et le rail.

La campagne du travailleur de l’automobile Will Lehman à la présidence du syndicat américain de l’automobile UAW, revendiquant la dissolution des appareils et une prise du pouvoir de la base, démontre que de telles initiatives rencontrent un puissant soutien parmi les travailleurs. Elles peuvent permettre aux travailleurs d’initier une contre-offensive en Europe contre l’inflation, l’austérité et la guerre.

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