Aujourd’hui, les travailleurs des transports, de la santé et de l’éducation font grève en France contre la casse des retraites voulue par Macron et l’inflation qui monte à travers le monde. Cette grève, qui s’annonce suivie, témoignera de la profonde colère sociale qui monte parmi les travailleurs en France, et en fait à travers le monde.
La hausse des prix sous l’impact conjugué de la création de liquidités par les banques qui les donnent aux super-riches, de la pandémie de Covid, et de la guerre de l’Otan contre la Russie en Ukraine discrédite les gouvernements et provoque une montée internationale des luttes. Une grève des routiers est annoncée en Espagne, alors que les travailleurs des ports, des transports et de l’éducation sont en lutte en Grande-Bretagne. Les travailleurs luttent pour une grève du rail aux USA, face à un accord scélérat négocié entre les appareils syndicaux et la Maison Blanche.
Mais si la volonté des élites dirigeantes de casser les salaires et les retraites pour financer la guerre en Ukraine rencontre une profonde opposition ouvrière, elle pose aussi d’énormes défis politiques à la classe ouvrière. Face à la division et à l’étouffement des luttes ouvrières par les appareils syndicaux nationaux, les travailleurs devront s’organiser indépendamment, dans des comités de la base.
Seule une rupture avec les appareils syndicaux avec en France leur comédie de négociation avec Macron permettra une lutte ouverte contre la guerre impérialiste, la gestion désastreuse de la pandémie et la casse des niveaux de vie par le système capitaliste. Il est impossible non seulement de lutter contre la guerre et la mauvaise gestion de la pandémie, mais même de défendre les salaires dans le cadre national étriqué des appareils syndicaux.
Il faut en particulier tirer les énormes leçons politiques de la grève des raffineries en France, qui est allée du 27 septembre au 8 novembre. Les dernières raffineries en grève, à Gonfreville-l’Orcher et à Feyzin, sont rentrées au travail le 2 et le 8 novembre, respectivement. Or, cette puissante grève n’a pas débouché sur une hausse des salaires supérieure ou même égale à l’inflation, mais sur un accord qui casse le pouvoir d’achat et annonce une tentative généralisée des banques de faire chuter les salaires réels des travailleurs et des retraités.
La responsabilité de la fin de la grève des travailleurs des raffineries n’incombe pas à un manque de combativité de leur part, mais de la trahison de ce mouvement par les appareils syndicaux. En effet, une question évidente qui se pose aujourd’hui, alors que les transports et les services publics font grève, et que la colère monte dans l’électricité, les ports et l’automobile.
Pourquoi les travailleurs n’ont-ils pas tous été mobilisés pour défendre les raffineurs, que l’État a menacés de réquisition – c’est-à-dire de 10.000 euros d’amende et de six mois de prison s’ils n’arrêtaient pas la grève ?
La grève a provoqué une pénurie de carburant, fragilisant la position de Macron. Les travailleurs des raffineries étaient en position de force. TotalEnergies a annoncé avoir engrangé en neuf mois plus de bénéfices que l'an dernier: 17,3 milliards de dollars contre 16 milliards en tout en 2021. Au troisième trimestre, son bénéfice a augmenté de 43 pour centpar rapport au même trimestre 2021 pour arriver à 6,6 milliards de dollars. «Nous sommes les premiers exportateurs de GNL aux États-Unis», avait rappelé le directeurfinancier Jean-Pierre Sbraire.
Des appels à la solidarité avec les raffineurs circulaient dans les ports et dans d’autres secteurs stratégiques de l’économie française. La CGT notamment compte 700.000 militants qui, mobilisés pourraient faire chuter le gouvernement Macron en quelques semaines.
Or, l’appareil cégétiste a démobilisé l’opposition ouvrière à l’ordre de réquisition, isolé la grève des raffineries et laissé les pressions financières s’exercer sur les raffineurs, qui n’ont reçu aucun soutien financier significatif des appareils syndicaux. Les raffineries ont repris leur activités une par une. Ceci a permis finalement d’imposer à Total et à ExxonMobil un accord signé par la CFDT pour une augmentation de salaire inférieure à l’inflation, déjà à 7 pour cent et que la hausse des prix de l’énergie va accélérer en 2023.
Craignant de se faire déborder, la CGT a annulé une assemblée générale à la raffinerie de Gonfreville prévue pour le jour où elle a annoncé la fin de la grève.
Et à présent que cette grève est pour l’heure étouffée, les appareils syndicaux mobilisent d’autres secteurs en ordre dispersé, sans préparer de caisse de grève mais en négociant avec Macron. C’est ainsi que les bureaucraties démobilisent et étranglent discrètement une vague de grèves, alors que l’Europe et le monde sont au bord d’une guerre généralisée et que la maladie et l’effondrement des salaires guettent tous les travailleurs.
La régression sociale historique que mettent en branle les banques et les gouvernements européens provoqueront immanquablement une vaste riposte internationale des travailleurs. Mais pour mettre cette capacité en action, il faudra rompre le carcan du «dialogue social» qu’imposent les appareils syndicaux aux luttes ouvrières dans tous les pays.
La grande tâche posée aux travailleurs en France et à travers le monde est de préparer une insurrection de la base contre le diktat des bureaucraties sur la lutte des classes. Ceci passe nécessairement par la formation de comités de la base, indépendants des appareils, visant à organiser et à fédérer les luttes ouvrières contre le gouvernement Macron et les marchés financiers.
Le pessimisme n’est ni justifiable ni permis sur la capacité de lutte de la classe ouvrière. Les conditions mondiales émergent précisément pour que les travailleurs mènent l’insurrection contre les appareils démobilisateurs.
Les trente dernières décennies depuis la dissolution stalinienne de l’Union soviétique en 1991 ont été une période de réaction sociale. Les puissances impérialistes ont mené des guerres en Irak, en Yougoslavie, en Afghanistan, en Libye et en Syrie qui ont coûté des millions de vies. L’Union européenne, formée en 1992 a mené sans relâche une politique d’austérité. Aujourd’hui la crise sociale, la guerre Otan-Russie en Ukraine et le refus européen d’acheter le pétrole russe qui fait flamber les prix en sont le produit.
Mais l’opposition de la classe ouvrière à la régression sociale et historique qui s’annonce est objectivement plus forte que tous les appareils syndicaux et partidaires liés au stalinisme. Une crise révolutionnaire s’annonce. La colère sociale en France et à travers le monde souligne le vaste potentiel pour que les travailleurs s’organisent et qu’ils ôtent le contrôle de leurs luttes aux bureaucraties syndicales et à la classe politique. Le Parti de l’égalité socialiste en appelle aux travailleurs et aux jeunes qui sont d’accord avec cette perspective de lui accorder leur soutien.