Jeudi, des journalistes du WSWS ont interviewé des étudiants à une manifestation devant l'entrée de la faculté Panthéon-Assas, place du Panthéon à Paris. La manifestation dénonçait Macron et sa réforme des retraites imposée sans vote aucun face à l’hostilité d’une écrasante majorité des Français, mais aussi l'inaction des administrations des universités face aux attaques de l'extrême droite contre les étudiants de gauche.
Samedi, le groupe 'Waffen-Assas', dont le nom évoque la fac Assas et les unités génocidaires Waffen-SS des nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, a attaqué des étudiants qui manifestaient devant la fac d’Assas avec des couteaux et des barres de fer. Un étudiant a eu la mâchoire et le nez cassés. Le jeudi précédent, le même groupe avait attaqué une manifestation conjointe d'étudiants de la fac d’Assas et de l'École Normale Supérieure.
Jusqu'à présent, l'administration de l'université n'a pris aucune mesure pour protéger ses étudiants contre les attaques des groupes néo-nazis. À l'université Paris-Dauphine, l'administration a réagi aux étudiants mobilisés qui demandaient une protection contre les violences d’extrême-droite en se faisant l’écho des néonazis, exigeant comme eux que les étudiants mettent fin à leur occupation pour empêcher d’autres agressions.
Le WSWS a interviewé Blanche et Valérie, étudiantes à Paris-3, sur les raisons de leur participation à la manifestation.
Blanche a expliqué : «Pour plusieurs choses, contre la réforme des retraites, le climat politique actuel, l'absence de démocratie ou en tout cas le fait qu'on entend pas du tout le peuple. Aussi par rapport à nous, à nos études, nous on est à Paris 3 et la haute direction est très méprisante. On ne se sent pas du tout écoutés. La fac elle est fermée alors qu'il y a eu une délégation qui est allée parler avec la présidence pour faire entendre nos propos, faire entendre la détresse parmi les étudiants. Mais on n'a pas du tout été écoutés. Au contraire, la fac a été fermée en sursaut.»
Blanche a ajouté : 'La jeunesse est présente dans ce combat, on est là pour soutenir les travailleurs et ceux qui sont plus confrontés directement à cette, que ce soit la génération de nos parents ou de nos grands-parents.
Ils ont ensuite décrit leur point de vue sur le recours de Macron au 49.3 pour faire passer en force sa réforme des retraites. Blanche a dit : « C’est totalement anti-démocratique. C'est pathétique, ça démontre que notre gouvernement est dans la volonté d'imposer. » Elle a ajouté, « La Ve République, dans le climat politique qu'il y avait pendant la guerre d'Algérie, ça a donné pas mal de pouvoirs au président.»
Valérie a ajouté : « C’est un abus de pouvoir qui a été utilisé, et on peut vraiment partir sur quelque chose qui n'est pas du tout démocratique. ... C'est maintenant que ça se passe, c'est maintenant que ça va se jouer. »
Blanche a également critiqué les chefs des syndicats CGT et CFDT qui cherchent une « médiation » avec Macron, alors que les Français veulent bloquer l’économie pour faire chuter Macron. A propos de l’idée d’une « médiation » avec Macron, elle a dit: «Le problème, c'est : à quel point est-ce que nous sommes écoutés, en fait ? ... A chaque fois, en fait, c'est un faux dialogue, il n'y a pas de communication. Le gouvernement a simplement envie de faire des effets d'annonce. Alors c'est encore une raison de se révolter. »
Comme l'a expliqué le WSWS, il n'est possible de faire échouer la réforme et de faire tomber le gouvernement Macron qu'en formant des comités d'action sur chaque lieu de travail et dans chaque école, qui s'opposent consciemment aux bureaucraties syndicales pro-capitalistes. De pareilles organisations sont nécessaires pour s’opposer aux bureaucraties syndicales et à leurs alliés politiques, tels que le NPA d’Olivier Besancenot, qui soutiennent une « médiation » avec Macron pour essayer d’étouffer le mouvement.
Fabio, un lycéen du Val-Du-Marne, a expliqué au WSWS pourquoi il était venu se joindre à la manifestation.
Il a dit : «Déjà aujourd'hui, en plus d'être contre la réforme des retraites, c'est pour montrer qu'on ne va pas se laisser faire par la répression policière et par la violence de l'extrême droite qui, récemment, a attaqué des cortèges et différents blocages contre la réforme de retraite. Contre lesquels on ne se laisse pas faire, évidemment. C'est pour montrer que malgré la tentative de répression du mouvement par le gouvernement et malgré les attaques de l'extrême droite, on reste là et on continue. On ira jusqu'au retrait et de la réforme. On est déterminé.'
Il a aussi évoqué le rôle joué par les appareils syndicaux face à Macron : « Ils veulent négocier avec le gouvernement. Nous, on est contre le gouvernement. On est contre le gouvernement et sa politique capitaliste. Donc, on ne peut pas se laisser faire par des syndicats qui sont leurs alliés. Ils ne nous aident pas du tout. Il faut qu'on s'émancipe des syndicats aussi. C'est ce qu'on fait par des manifestations et de toute façon, que les syndicats le veuillent ou non, la grève générale continue.'
En ce qui concerne le risque de violence de l'extrême droite et du gouvernement à l'encontre des manifestants qui s'opposent à la réduction des pensions, Fabio a dit : «Le gouvernement essaye de nous faire taire, il essaye de faire peur aux gens. Les gardes à vue, elles se multiplient. On voit que les flics en manif, ils tapent sur tout ce qui bouge. Ils ne se battent même plus contre la violence, ils se battent contre n'importe qui qui veut faire entendre sa voix. »
Il a conclu : « Donc oui, en fait, la démocratie est en danger, non seulement avec le 49-3, mais avec la répression policière et avec ce qui se passe avec l'extrême droite qui commence à nous attaquer en cortège. Mais on ne va pas se laisser faire. »
Le groupe néo-nazi 'Waffen-Assas' qui a perpétré ces attaques est lié au Groupe Union Défense, un groupe d'étudiants d'extrême-droite responsable de violences à l'encontre d'étudiants protestataires dans les années 60 et 70, qui a été réformé en 2022. Le GUD était historiquement basé à l'université Panthéon-Assas.
A présent, au milieu d’une crise objectivement révolutionnaire en France, afin de terroriser les étudiants mobilisés contre Macron, le groupe cherche à faire revivre les traditions les plus horribles du fascisme français pendant la Seconde Guerre mondiale.
Environ 10.000 volontaires fascistes français ont rejoint les SS et participé à la guerre d'extermination nazie contre l'Union soviétique sur le front de l'Est. L’unité Charlemagne de la Waffen SS, formé à partir des restes d'autres unités de volontaires français en 1944, est reconnue par les néo-nazis pour avoir été l'une des unités qui ont participé à la dernière défense du bunker d'Hitler pendant la bataille de Berlin.
Le WSWS a demandé à Fabio quel type d'organisation il pensait être nécessaire pour se défendre contre la violence de la police et de l'extrême droite. Il a dit : « Il faut qu'on ait des organisations fortes. Il faut qu'on ait des partis qui savent mobiliser les gens, qui savent donner de la rhétorique aux gens et qui aussi fassent massifier le mouvement. Il faut quelque chose qui vienne de la base même parce qu'ils sont conscients que leur situation, leurs conditions de travail et aussi leur futur est menacé. »
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