La pseudogauche française tente de bloquer la lutte contre Macron

La mauvaise farce de la «marche sur l'Elysée» avortée de Mélenchon

Après que Macron a imposé sa réforme des retraites malgré l’opposition d’une écrasante majorité des Français, sans même un vote parlementaire, la colère sociale explose dans toute la France. Deux tiers des Français veulent une grève générale pour bloquer l’économie et faire tomber Macron. Le principal obstacle à cela est la bande de lèche-bottes lâches, inefficaces et cyniques que les médias capitalistes font faussement passer pour la «gauche».

C'est la leçon qui découle de la «marche sur l'Élysée» organisée mardi par les législateurs de la NUPES dirigée par Jean-Luc Mélenchon.

Jean-Luc Mélenchon, au Palais de la Musique et des Congrès de Strasbourg, 19  janvier 2022. [Photo by Thomas Bresson / CC BY 4.0]

Les responsables de NUPES l’ont annoncée la semaine dernière, le présentant, de manière ridicule, comme une reconstitution de la marche des femmes sur Versailles pendant la Révolution française. Ils ont annoncé que 250 députés de l’Assemblée nationale marcheraient sur l’Élysée pour exiger que Macron retire sa réforme. Le message qu’ils voulaient faire passer était que les travailleurs devaient leur laisser, ainsi qu’aux bureaucraties syndicales corrompues, le soin d’organiser une opposition «révolutionnaire» à Macron.

Ils n’ont réussi qu’à illustrer les raisons pour lesquelles les masses les méprisent totalement.

Les 5-6 octobre 1789, des dizaines de milliers de parisiennes affamées, appauvries par une inflation galopante, ont marché sur Versailles pour exiger du pain. Elles ont manifesté, pris d’assaut le palais royal, tué des gardes royaux qui tentèrent de s’interposer et ramené le roi et la reine à Paris sous la surveillance armée du peuple. Quatre ans plus tard, les deux monarques avaient été exécutés pour avoir tenté de reprendre le pouvoir avec l’aide d’armées aristocratiques étrangères, et la propriété féodale qu’ils défendaient était abolie.

En revanche, les courtisans politiques des deux sexes qui composent les NUPES sont opposés à la révolution. Ils veulent à tout prix maintenir l’absurde prétention de représenter la gauche, tout en se déclarant «à la disposition» de Macron, le président des riches.

Initialement, tous les partis du NUPES devaient participer à la marche: la France insoumise (LFI) de Mélenchon, le PS, qui peut se vanter d’avoir eu Macron comme ancien ministre de l’Économie; le PCF stalinien; et les Verts.

Le député et coordinateur politique de LFI Manuel Bompard a tweeté: «Avec les parlementaires de la #NUPES, nous irons en cortège exiger le retrait du texte de loi devant l'Elysée mardi matin.»

La Verte Sandrine Rousseau a déclaré que la marche établirait «un rapport de force» avec Macron. Enivrée par sa propre rhétorique, Rousseau a même fantasmé qu’elle dirait à la Première ministre Elisabeth Borne et au gouvernement de démissionner.

Cependant, suite à des querelles intestines au sein du NUPES, tous sauf une poignée de staliniens se sont retirés. Lundi, le secrétaire général du PCF Fabien Roussel a dit que le NUPES est «dépassée» et a appelé à «une nouvelle gauche» qui «ne se résume pas à Mélenchon». Mardi matin, des dirigeants de LFI ont dit que la marche sur l’Élysée était annulée et ont appelé à un rassemblement place du Châtelet. Le PCF a réagi en accusant LFI de «diffuser des “fake news”».

En fin de compte, les staliniens ont remis une lettre impuissante à l’Élysée, demandant poliment à Macron de «renoncer à votre projet funeste». Ils ont averti Macron que «votre refus d’entendre le peuple attise sa colère et crée une crise sociale, politique et économique sans précédent». Mais la seule proposition pratique qu’ils ont trouvée à faire était de dire à Macron: «Nous vous demandons d'accepter de nous rencontrer.»

C’est clair que la «lutte» contre Macron, pour les staliniens, doit être strictement confinée à l’intérieur doré de l’Élysée. Après avoir annoncé leur désir de rencontrer le président des riches, ils terminent leur lettre en assurant qu’ils restaient à la «disposition» du président de la République.

Bref, les staliniens ont agi comme une cabale de ministres du roi, implorant le monarque de changer sa politique pour les sauver tous de la population courroucée. Ils sont terrifiés à l’idée qu’une mobilisation de masse de la classe ouvrière contre Macron fasse voler en éclats leurs indemnités parlementaires, les subventions patronales pour leurs bureaucraties syndicales, et les subventions des actionnaires à leurs journaux – bref, tout dont dépendent leurs modes de vie aisés.

Et à des fins d’identification politique, la prochaine fois que les dirigeants de la NUPES évoqueront la Révolution française, ils devraient tous porter des perruques et des bas de soie.

Le Parti de l’égalité socialiste (PES), section française du Comité international de la IVe Internationale, appelle à une mobilisation massive des travailleurs de base et des jeunes pour préparer une grève générale contre Macron. Elle explique qu’un tel mouvement ne peut se construire qu’indépendamment des bureaucraties syndicales, dans un mouvement d’en bas.

Il s’oppose donc à la politique corrompue et cynique des alliés petits-bourgeois des bureaucraties syndicales comme la NUPES. Leur conduite aujourd’hui mérite pleinement la condamnation que le révolutionnaire du 19e siècle Auguste Blanqui a faite des démocrates petits-bourgeois qui ont trahi la révolution de 1848:

«Entre tous les plus coupables sont ceux en qui le peuple, trompé par des phrases de tribun, voyait son épée et son bouclier; ceux qu'il proclamait avec enthousiasme, arbitres de son avenir. … Que les travailleurs aient sans cesse devant les yeux cette liste de noms maudits ! Et si un seul apparaissait jamais dans un gouvernement sorti de l'insurrection, qu'ils crient tous, d'une voix: trahison !»

Si la classe ouvrière construit un mouvement révolutionnaire, écrit Blanqui, «obstacles, résistances, impossibilités, tout disparaîtra. Mais, pour les prolétaires qui se laissent amuser par des promenades ridicules dans les rues, par des plantations d'arbres de la liberté, par des phrases sonores d'avocat, il y aura de l'eau bénite d'abord, des injures ensuite, enfin de la mitraille, de la misère toujours. Que le peuple choisisse !»

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