Perspective

Biden proclame un soutien illimité à l’assaut d’Israël sur Gaza

Le président Joe Biden s’exprime mardi 10 octobre 2023 à la Maison-Blanche, à Washington, sur la guerre entre Israël et la Palestine, sous le regard de la vice-présidente Kamala Harris et du secrétaire d’État Antony Blinken.

Le discours prononcé mardi par le président américain Joe Biden a atteint les sommets de la réaction politique et de la faillite intellectuelle. Alors que l’armée israélienne rasait systématiquement les immeubles résidentiels de Gaza, Joe Biden donnait le feu vert au gouvernement Netanyahou pour commettre des massacres.

La diatribe de Biden n’avait d’autre but que d’enflammer l’opinion publique, de susciter autant de haine que possible à l’égard des Palestiniens et de justifier tous les crimes commis par Israël, quels qu’ils soient. Il s’est exprimé non pas comme un président exposant la politique de son gouvernement, mais comme un gangster réclamant vengeance.

Après ce discours, c’est impossible pour son gouvernement de se dissocier de tout ce que le gouvernement israélien a fait ou fera. En effet, l’inclusion du secrétaire d’État Antony Blinken et de la vice-présidente Kamala Harris, qui se tenaient comme des zombies derrière Biden, avait pour but de souligner le message: telle est la politique du gouvernement américain.

Les remarques de Biden ont, comme on pouvait s’y attendre, incité les Israéliens à commettre des crimes de guerre. Immédiatement après le discours, Israël a commencé à utiliser du phosphore blanc pour créer des tempêtes de feu dans les zones civiles, ce qui constitue un crime au regard du droit international. Mardi, Israël a bombardé le siège de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient, ainsi que d’innombrables autres bâtiments de plusieurs étages. Israël a continué à priver les Palestiniens de nourriture, d’eau et d’électricité, conformément à l’engagement pris par le Premier ministre Netanyahou de réduire à l’état de «ruines» toutes les régions qui résistent à l’occupation israélienne.

Le langage de Biden est proche de la promotion et de la légitimation d’un génocide. La résistance des Palestiniens est une manifestation, a commencé Biden, d’un «mal absolu». Ces propos font écho aux déclarations du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qui a qualifié mardi les Palestiniens d’«animaux». Le ministre de la Défense de Netanyahou, Yoav Gallant, a déclaré: «Nous combattons des animaux humains et nous agissons en conséquence».

Affirmer que l’on a affaire à un «mal absolu», c’est soustraire les événements à toute analyse rationnelle. Dans cette vision manichéenne et semi-religieuse du monde, le «mal» ne peut être traité que par l’élimination, l’extermination et le meurtre.

Biden n’a pas appelé à un cessez-le-feu. Il n’a pas appelé à des pourparlers de paix. Il n’a pas appelé à la médiation ou à l’arbitrage. Il n’a pas appelé Israël à la retenue. Il n’a pas mis en garde contre l’effusion de sang incalculable qui résulterait d’une invasion israélienne de Gaza.

Multipliant les références incendiaires aux victimes israéliennes de l’incursion palestinienne dans le territoire illégalement occupé par Israël, Biden n’a pas fait une seule référence aux victimes palestiniennes de la violence israélienne.

Au cours des 75 dernières années, des dizaines de milliers de Palestiniens ont été massacrés par les troupes israéliennes et les forces fascistes aujourd’hui représentées au sein du gouvernement israélien. Aucun de ces meurtres n’a fait l’objet d’une condamnation de la part des États-Unis, et encore moins d’une déclaration selon laquelle les Israéliens étaient l’incarnation du «mal».

Les propos de Biden ont été accompagnés d’un torrent de propagande dans les médias américains qui visait à bloquer tout examen critique du conflit en se concentrant uniquement sur la violence exercée par le Hamas contre les civils, tout en ignorant la violence – de plusieurs ordres de grandeur supérieure – infligée aux Palestiniens par Israël.

«Nous sommes aux côtés d’Israël», a déclaré Biden. «Rien ne justifie le terrorisme.» Il n’y a pas d’excuse à la violence des Palestiniens, mais il y a toujours une excuse à la violence d’Israël. Et ce malgré le fait que, depuis 2008, 20 fois plus de Palestiniens ont été tués dans le conflit que d’Israéliens: 6.400 contre 300. Biden a déclaré: «Comme toutes les nations du monde, Israël a le droit de répondre et a même le devoir de répondre à ces attaques brutales». Toutes les nations, sauf les Palestiniens.

Biden a tout simplement ignoré toute histoire antérieure du conflit actuel. Les Nations unies ont condamné Israël pour avoir installé sa population sur des territoires palestiniens illégalement annexés, pour avoir empêché les Palestiniens de voyager librement et pour avoir systématiquement recours au meurtre, à la torture et à la détention illimitée dans le cadre de sa politique d’État.

Biden a menacé de déchaîner la force militaire américaine contre tout gouvernement qui oserait intervenir en faveur des Palestiniens. S’exprimant à la manière d’un parrain de la mafia qui multiplierait les menaces à la pointe du fusil, Biden a déclaré: «À tout pays, à toute organisation, à quiconque envisage de tirer parti de cette situation, je dis ceci: ne le faites pas. La réponse des États-Unis, a ajouté Biden, sera «rapide, décisive et écrasante». Ce langage n’intimidera pas; il ne fera que provoquer la colère. Pour l’écrasante majorité des populations du monde, dont beaucoup continuent à vivre avec les souvenirs amers du colonialisme, il ne suscitera que du dégoût.

Biden a déclaré: «Je n’ai pas de priorité plus élevée que la sécurité des Américains pris en otage». Mais en approuvant sans retenue les actions d’Israël, il assure pratiquement la mort des otages.

L’une des déclarations les plus honteuses de Biden a été sa tentative d’associer la résistance des Palestiniens contre le régime d’apartheid israélien au génocide des Juifs d’Europe pendant l’Holocauste. «Cette attaque contre Israël a fait remonter à la surface des souvenirs douloureux et des cicatrices laissées par un millénaire d’antisémitisme et de génocide».

Il s’agit d’une déformation totale de l’histoire. Les Palestiniens n’ont aucun lien historique avec les pogroms anti-juifs meurtriers et l’antisémitisme qui constituent une partie essentielle de l’histoire européenne. Ils n’ont joué aucun rôle dans l’Holocauste. Pendant la Seconde Guerre mondiale, alors que les Juifs étaient exterminés par millions, les États-Unis ont gardé leurs frontières fermées. En 1939, le bateau à vapeur Saint Louis, un navire transportant plus de 900 réfugiés juifs, a été refoulé des États-Unis et contraint de retourner en Europe, un épisode emblématique de l’indifférence des États-Unis face à la persécution des Juifs d’Europe.

Et n’oublions pas qu’il y a moins de trois semaines, l’ensemble du Parlement canadien ainsi que des ambassadeurs et des représentants de tous les pays de l’OTAN se sont levés et ont applaudi Yaroslav Hunka, un vétéran de la Waffen-SS ukrainienne, responsable du massacre des Juifs sous la direction de l’Allemagne nazie.

En conclusion, Biden a évoqué «l’État juif et démocratique d’Israël». Un État juif et démocratique est une contradiction dans les termes. Un État construit sur la base d’une identité ethnique est intrinsèquement antidémocratique. En outre, cette perspective accepte entièrement la position de Netanyahou et de l’establishment politique israélien selon laquelle ils représentent le «peuple juif», impliquant faussement l’ensemble de la population israélienne dans les crimes qui sont perpétrés.

Biden a conclu en déclarant: «Les terroristes ont délibérément ciblé des civils et les ont tués. Nous respectons les lois de la guerre». Mais que raconte Biden? La seule loi défendue par les États-Unis est celle de la violence et du pillage impérialistes effrénés.

Sa diatribe contre les Palestiniens s’inscrit dans une pratique bien connue. Qu’elle réclame un changement de régime et une guerre pour remporter la victoire en Russie ou qu’elle incite à une guerre totale au Moyen-Orient, la classe dirigeante américaine agit avec une insouciance et une brutalité totales.

Le discours de Biden est un avertissement pour le monde entier. L’impérialisme américain a adopté les principes de la violence militaire illimitée et de la punition collective contre les populations civiles. S’il n’est pas stoppé, le déchaînement meurtrier actuellement infligé à Gaza sera le sort de millions de personnes dans le monde.

Les travailleurs et les jeunes ne peuvent se laisser intimider par l’avalanche de propagande déversée par tous les gouvernements impérialistes et tous les grands médias. Il est urgent de construire un mouvement mondial de masse contre la guerre, unifiant les travailleurs et les jeunes de toutes les ethnies, religions et nationalités dans la lutte contre l’impérialisme.

(Article paru en anglais le 11 octobre 2023)

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