Lutter contre le fascisme impose de lutter contre le capitalisme et la guerre!

Le chef de l'opposition allemande et chef du CDU (Union chrétienne-démocrate) Friedrich Merz, au centre, au Bundestag [le parlement allemand] à Berlin, en Allemagne, le mercredi 29 janvier 2025. [AP Photo/Markus Schreiber]

Après avoir voté à deux reprises avec l'AfD (Alternative pour l’Allemagne) en faveur d'une politique brutale de fermeture des frontières aux réfugiés, les groupes parlementaires conservateurs de l'Union chrétienne-démocrate/Union chrétienne-sociale (CDU/CSU) et du Parti libéral-démocrate (FDP) au Bundestag accepteront le parti d'extrême droite comme partenaire gouvernemental.

C'est la conclusion inéluctable qu’il faut tirer des événements de la semaine dernière. Quiconque adopte des motions et des lois avec le soutien d’un parti d'extrême droite est également disposé à gouverner avec lui. Les déclarations contraires du chef de file de la CDU, Friedrich Merz, dont la validité n’excédera de toutes façons pas deux semaines, n’y changent rien.

Quatre-vingts ans après la fin du régime nazi, la porte est désormais grande ouverte pour que l’AfD fasciste accède aux plus hautes fonctions gouvernementales.

Mercredi, les partis CDU/CSU et FDP, ainsi que l'AfD, ont réussi à obtenir une majorité parlementaire pour une motion en faveur de la fermeture des frontières allemandes, de la suppression du droit d'asile et de l'augmentation significative du nombre de places de détention pour les personnes faisant l’objet d’une expulsion. C'est la première fois dans l'histoire du Bundestag qu'un grand groupe parlementaire fait cause commune avec les fascistes.

Vendredi, les partis CDU/CSU, FDP et AfD ont une nouvelle fois tenté de faire adopter ensemble le projet de loi sur la limitation des flux migratoires. Bien que l’Alliance Sahra Wagenknecht (BSW) se soit également prononcée en faveur de cette mesure, le projet de loi a échoué en raison de dissidents dans leurs propres rangs. Le signal était néanmoins clair: le «pare-feu» face à l’AfD, tant vanté, n’existe plus.

Depuis mercredi dernier, des dizaines de milliers de personnes descendent dans les rues de nombreuses villes pour crier leur indignation. De grandes manifestations ont également eu lieu durant le week-end.

Mais comment stopper l’AfD? Les appels à la CDU et à la CSU n’auront pas plus d’effet que ceux lancés à l’attention des sociaux-démocrates (SPD), des Verts ou du Parti de gauche.

En réalité, ces partis portent une lourde responsabilité pour la montée de l'AfD. Le SPD et les Verts ne s'opposent pas à l'incitation à la haine des réfugiés de l'AfD et de la CDU et à leur campagne de ‘Loi et d’ordre’ à caractère raciste, mais l'encouragent.

En octobre 2023, le chancelier Olaf Scholz a fait la une du magazine Der Spiegel avec cette déclaration: « Nous devons enfin expulser les réfugiés à grande échelle.» Les mêmes mots auraient pu être prononcés par l’AfD.

Au Bundestag, le SPD et les Verts ont vivement critiqué Merz pour sa collaboration avec l’AfD. Mais ils l’ont fait uniquement du point de vue qu’il pourrait atteindre le même objectif en collaborant avec eux plutôt qu’avec les fascistes. Ils ont énuméré les nombreuses lois et mesures qu’ils ont adoptées pour éloigner les réfugiés des frontières allemandes et européennes. C’était tout juste s’ils ne se sont pas vantés des plus de 31 000 personnes noyées en Méditerranée durant les dix dernières années à cause de leur politique de fermeture des frontières.

Le fait que ces partis se présentent désormais comme les garants de la démocratie et accusent Merz d’avoir violé un tabou est le comble de l’hypocrisie. Le SPD et les Verts collaborent eux-mêmes avec les fascistes dans les commissions parlementaires et aux niveaux local et européen.

Le jour même où Merz a voté avec l’AfD contre le droit d’asile, le SPD et les Verts, ainsi que la CDU, le FDP et l’AfD, ont adopté une résolution soi-disant contre l’antisémitisme qui relativise l’Holocauste et criminalise les opposants au génocide à Gaza !

Ce sont le SPD et les Verts qui ont réarmé massivement la Bundeswehr et déployé des chars allemands contre la Russie, 80 ans après la guerre d'extermination des nazis contre l'Union soviétique. Ce sont le SPD et les Verts qui ont soutenu le génocide à Gaza, et ce sont le SPD et les Verts qui ont aboli le droit d'asile! Avec leur politique au service des banques et des grands trusts, ils ont produit une catastrophe sociale.

L’ AfD a été créée et promue délibérément pour imposer cette politique de guerre et de coupes sociales. Bien qu’elle exploite la misère sociale et le désespoir, elle est le parti du militarisme allemand et du capital financier dans sa forme la plus pure. L’AfD réclame une multiplication par cinq du budget de la guerre et une réduction radicale des impôts sur les riches. En échange, elle reçoit en dons des millions d’euros.

Une évolution similaire se produit dans d’autres pays. Viktor Orbán en Hongrie, Giorgia Meloni en Italie, Geert Wilders aux Pays-Bas et Herbert Kickl en Autriche doivent leur ascension aux mêmes calculs des oligarques.

C’est aux États-Unis que ce phénomène est le plus flagrant. Donald Trump utilise la diabolisation des réfugiés comme levier pour construire un État policier, déployer l’armée aux États-Unis sur et mobiliser une horde d’extrême droite. Les démocrates de Joe Biden ne s’y opposent pas car ils représentent les mêmes intérêts de classe: ceux de Wall Street et ceux de l’armée.

Alors que Trump était encore considéré comme un outsider lors de sa première victoire aux élections, il est désormais soutenu par les oligarques les plus riches et les plus puissants. Elon Musk, l’homme le plus riche du monde, est chargé de réduire d’un tiers les dépenses publiques pour Trump, c’est-à-dire de réduire à zéro les dépenses sociales. Ce n’est pas un hasard si Musk est l’un des plus importants soutiens de la cheffe de l’AfD, Alice Weidel.

L’ AfD ne banalise pas Hitler parce qu’elle rejette l’ordre social existant. Elle banalise Hitler parce que l’ordre capitaliste ne peut être défendu qu’avec des méthodes fascistes.

C’est sur cette compréhension que doit se baser la lutte contre l’AfD. Le SPD et les Verts ont tout à fait raison lorsqu’ils accusent Merz de préparer un gouvernement avec l’AfD. Mais ils feront tout ce qu’ils peuvent – comme les démocrates aux États-Unis – pour réprimer l’opposition et maintenir «l’ordre». Ils partagent le programme de réarmement, de coupes sociales et d’instauration d’un État policier. Les syndicats les soutiendront également dans cette démarche.

La résistance contre les fascistes ne peut venir que de la classe ouvrière. Celle-ci ne permettra pas que les collègues de travail et les voisins soient expulsés, que les salaires soient décimés, que les emplois soient détruits, que l’éducation et la santé soient privatisées et que les retraites et les prestations sociales soient détruites. Des luttes de classe explosives sont inévitables.

Ces luttes doivent être préparées. Elles ont besoin d'une perspective et d'un leadership politiques. C'est ce que préconise le Sozialistische Gleichheitspartei (SGP, Parti de l'égalité socialiste). C'est le seul parti se présentant aux élections législatives qui s'oppose à la guerre, au réarmement et aux coupes sociales et défend tous les droits démocratiques, y compris ceux des migrants.

Lutter contre le fascisme impose de lutter contre le capitalisme et la guerre !

En tant que section allemande du Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI), le SGP prône l'unité de la classe ouvrière internationale afin de renverser le capitalisme, d'exproprier les milliardaires et de construire une société socialiste dans laquelle les besoins sociaux priment sur les intérêts du profit.

(Article paru en anglais le 1er février 2025)

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