Le ministre des finances d’Israël jure que Gaza sera « entièrement détruite » et que les Palestiniens seront envoyés dans des « pays tiers »

Le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou, à droite, s'entretient avec le ministre des finances Bezalel Smotrich lors de la réunion hebdomadaire du cabinet au ministère de la défense à Tel-Aviv, Israël, le 7 janvier 2024 [AP Photo/Ronen Zvulun]

Un jour après que le cabinet israélien a voté l'approbation d'un plan pour l'occupation militaire totale de Gaza, le déplacement interne de sa population et la prise en charge des approvisionnements alimentaires par les Forces de défense israéliennes (FDI), le ministre des finances Bezalel Smotrich a clairement indiqué qu'il s'agissait de l'étape suivante dans le nettoyage ethnique total de Gaza.

Smotrich s’est engagé à ce que :

D'ici un an, [...] Gaza sera entièrement détruite, les civils seront envoyés [...] dans le sud, dans une zone humanitaire [...] et de là, ils commenceront à partir en grand nombre vers des pays tiers.

Cette proposition de destruction de Gaza, d'occupation militaire et de nettoyage ethnique de sa population est en fait le plan opérationnel de la «guerre » d'Israël à Gaza, qui a été lancée sous le prétexte de l'attaque du Hamas et de la prise d'otages du 7 octobre 2023.

Afin de fournir une couverture politique au génocide planifié, le président américain Joe Biden, le Parti démocrate et les médias ont prétendu qu'Israël menait une guerre contre le Hamas, visant à restituer les otages, alors même qu'ils fournissaient à Israël des milliers de bombes d’une tonne dont la seule utilité était de détruire des pâtés de maisons entiers.

En février, le président américain Donald Trump a annoncé publiquement la politique actuelle, à savoir la démolition totale de la bande de Gaza. Israël et les États-Unis allaient « raser le site », déplacer sa population et annexer le territoire.

Le plan annoncé lundi par le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou, comme l'a clairement expliqué Smotrich, marque la mise en œuvre à grande échelle de cette vision. Les Palestiniens de Gaza seront rassemblés, déplacés dans des camps de concentration dans le sud du territoire, puis forcés à traverser le désert jusqu'en Égypte ou embarqués sur des bateaux.

Ce plan sera présenté comme une relocalisation « volontaire », dans le contexte d'un blocus total de la nourriture, de l'eau et de l'électricité dans la bande de Gaza. Mais il ne sera « volontaire » que parce que rester dans un endroit sans nourriture sera une condamnation à mort.

Bien sûr, ce sera une condamnation à mort pour les otages restés à Gaza, qui mourront de faim avec le reste de la population palestinienne. Mais les ministres israéliens déclarent de plus en plus ouvertement que le prétexte d'une guerre pour « sauver les otages » est en train d'être abandonné.

Comme l'a déclaré Smotrich à l'Agence France-Presse (AFP) :

Israël n'a pas l'intention de se retirer des territoires capturés par Tsahal, pas même dans le cadre d'un accord de libération d'otages.

En réponse au projet d'occupation totale de la bande de Gaza, le Hamas a déclaré qu'il n'engagerait plus de négociations avec Israël.

Basem Naim, haut responsable du Hamas, a déclaré à l'AFP :

Il ne sert à rien d'engager des pourparlers ou d'envisager de nouvelles propositions de cessez-le-feu tant que la guerre de la faim et la guerre d'extermination se poursuivent dans la bande de Gaza.

Le plan israélien d'occupation et de nettoyage ethnique de Gaza a été accueilli par le silence du Parti démocrate : Hakeem Jeffries, chef de la minorité parlementaire, Chuck Schumer, chef de la minorité sénatoriale, Joe Biden, ancien président, Barack Obama et Nancy Pelosi, ancienne présidente de la Chambre des représentants, sont restés muets.

Depuis le 2 mars, Israël bloque totalement l'entrée de la nourriture, de l'eau et de l'électricité dans la bande de Gaza, ce qui a entraîné une augmentation de la malnutrition. Un sac de farine, vendu auparavant 5 dollars, coûte désormais jusqu'à 500 dollars.

Israël utilise délibérément la famine comme arme de guerre. Le mois dernier, le ministre israélien de la défense, Israël Katz, a déclaré :

La politique d'Israël est claire : aucune aide humanitaire n'entrera à Gaza, et le blocage de cette aide est l'un des principaux moyens de pression empêchant le Hamas de l'utiliser comme un outil auprès de la population. [...] Personne ne prévoit actuellement d'autoriser l'entrée de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza, et rien n'est prévu à cet effet.

Environ 69 % de la bande de Gaza a été incorporée dans une zone tampon israélienne ou fait l'objet d'ordres d'évacuation, laissant la population restante de Gaza, qui a été déplacée à de multiples reprises, piégée dans des enclaves de plus en plus petites.

Dans une déclaration faite cette semaine, le Croissant-Rouge palestinien (CRP) a indiqué que la nourriture était « complètement épuisée », tant sur les marchés que dans les centres de distribution.

Dans sa dernière mise à jour humanitaire, le Croissant-Rouge palestinien a déclaré : « La population est à nouveau exposée à un risque extrême de famine » et « il est impossible de répondre aux besoins quotidiens minimums de plus d'un million de personnes déplacées ».

Dans une déclaration, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a indiqué : « Les besoins des civils à Gaza sont actuellement écrasants » et «en vertu du droit humanitaire international, Israël a l'obligation d'utiliser tous les moyens disponibles pour veiller à ce que les besoins fondamentaux de la population civile sous son contrôle soient satisfaits. »

Dans un communiqué publié mardi, l'UNICEF a fait remarquer :

Au cours du mois dernier, plus de 75 % des ménages ont signalé une détérioration de l'accès à l'eau : ils n'ont pas assez d'eau à boire, ne peuvent pas se laver les mains lorsque c'est nécessaire et sont souvent obligés de choisir entre se doucher, faire le ménage et cuisiner.

L’organisme ajoute :

La malnutrition est également en hausse. Plus de 9000 enfants ont été admis pour traitement de la malnutrition aiguë depuis le début de l'année. Des centaines d'autres enfants ayant désespérément besoin d'un traitement ne peuvent y accéder en raison de l'insécurité et des déplacements. Depuis le 18 mars, les hostilités se sont intensifiées, entraînant le déplacement de 390 000 personnes qui n'ont nulle part où aller en toute sécurité.

Aya al-Skafy, une habitante de la ville de Gaza, a déclaré à Al Jazeera que son bébé était mort la semaine dernière de malnutrition :

Elle avait quatre mois et pesait 2,8 kg. En raison de sa malnutrition sévère, elle souffrait d'acidité sanguine, d'insuffisance hépatique et rénale, et de nombreuses autres complications. Elle a aussi perdu ses cheveux et ses ongles à cause de la malnutrition.

Mohammed al-Seikaly, un autre habitant de la ville de Gaza, a déclaré à Reuters :

Il ne reste plus rien dans la bande de Gaza qui n'ait été frappé par des missiles et des barils explosifs. [...] Je demande devant le monde entier : « Que reste-t-il à bombarder ? »

(Article paru en anglais le 7 mai 2025)

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