Les amis fascistes de l’impérialisme canadien : Le rôle de l’OUN et de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne dans la guerre nazie contre l’URSS et dans l’Holocauste

TROISIÈME PARTIE

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Cet article est le troisième d’une série de quatre articles. La première partie présentait l’alliance de longue date de l’impérialisme canadien avec le nationalisme ukrainien d’extrême droite. La deuxième partie a examiné les origines de l’Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN) et le dossier antisémite et pro-nazi de Krakivski Visti, qui a été édité par Mikhailo Chomiak, le grand-père de la vice-première ministre canadienne Chrystia Freeland. La quatrième partie examinera comment l’État canadien a fourni un refuge aux collaborateurs des nazis de l’OUN (M) et de l’OUN (B), les a aidés à blanchir leurs crimes et les a utilisés, ainsi que le nationalisme ukrainien d’extrême droite, comme instruments de sa politique étrangère et intérieure impérialiste.

Bien qu’amèrement divisées sur la manière de coopérer le plus efficacement possible avec les nazis pour obtenir une «Ukraine indépendante», les ailes rivales Melnyk et Bandera de l’Organisation des nationalistes ukrainiens – respectivement l’OUN (M) et l’OUN (B) – ont participé à la guerre d’anéantissement des nazis contre l’Union soviétique et ont servi d’hommes de main aux nazis lors de l’Holocauste.

L’invasion nazie de l’URSS a été conçue, dès le départ, comme une «guerre d’extermination» visant à établir la domination de l’impérialisme allemand sur des colonies s’étendant jusqu’à l’Oural. Elle se caractérise par une brutalité et une sauvagerie sans précédent. Selon le «Generalplan Ost», élaboré par les institutions de l’État et l’université Friedrich-Wilhelm de Berlin, les peuples vivant en Europe de l’Est ou en Russie devaient être exterminés ou transformés en esclaves coloniaux. Alors que la violence sanglante déclenchée par cette croisade s’accélère, Hitler et ses plus proches collaborateurs passent à la fin de 1941 à la mise en œuvre de leur «solution finale» pour les Juifs d’Europe, c’est-à-dire l’extermination planifiée et systématique de 6 millions de personnes dans le cadre de l’Holocauste.

Le Congrès ukrainien canadien (UCC), d’autres nationalistes ukrainiens contemporains de droite et d’extrême droite qui promeuvent, défendent et blanchissent l’OUN, ainsi que les impérialistes qui les financent à Ottawa, Washington, Londres et Berlin, font une série d’affirmations intéressées et totalement fantastiques sur le bilan de l’OUN pendant la Seconde Guerre mondiale. Toutes ces affirmations sont un tissu de mensonges.

Les forces allemandes combattent les défenseurs soviétiques dans les rues de Kharkov, en octobre 1941 (Wikipédia)

Ils prétendent que l’OUN et l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA) bandériste étaient un «mouvement de libération nationale». En réalité, il s’agissait de fascistes, inféodés à l’Allemagne nazie et plus tard à l’impérialisme britannique et américain. Ils affirment que l’OUN et l’UPA ont combattu «à la fois les nazis et les Soviétiques». Et ce, bien que les fascistes ukrainiens aient participé avec enthousiasme à l’invasion de l’URSS en juin 1941 et qu’ils aient continué à combattre les Soviétiques, soit directement sous le commandement des nazis, soit en coordination avec eux, jusqu’à ce qu’ils soient contraints de fuir en 1945 vers les dernières redoutes nazies à Vienne, Munich et ailleurs.

En particulier, l’UCC et l’extrême droite ukrainienne vénèrent le bilan génocidaire de l’UPA: une force dont la direction et les combattants étaient en grande partie composés de fascistes qui, sous les ordres de Bandera, avaient précédemment servi la machine de guerre du Troisième Reich et les SS. Enfin, les défenseurs actuels des fascistes ukrainiens prétendent qu’ils n’ont joué aucun rôle dans l’Holocauste. Si nous ne parlions pas de l’extermination de plus d’un million de Juifs ukrainiens, ce serait risible. De nombreux documents et publications de l’OUN, pendant et même bien avant le début de la Seconde Guerre mondiale, préconisaient la violence de masse contre les Juifs. Des recherches historiques récentes ont documenté avec des détails effrayants la participation des cadres de l’OUN et de l’UPA à l’Holocauste – y compris le rassemblement des Juifs, leur massacre et la dotation en personnel des camps de la mort – ainsi que le meurtre de plus de 100.000 Polonais dans le cadre d’opérations de nettoyage ethnique et de dizaines de milliers de partisans soviétiques russes et ukrainiens. Plus les preuves contre les fascistes ukrainiens sont nombreuses, plus leurs défenseurs contemporains crient fort. Mais ils ne peuvent pas crier assez fort pour faire taire les faits historiques objectifs.

L’historien canadien John Paul Himka, lui-même autrefois promoteur du mythe de Bandera en tant que «combattant de la libération nationale» et promoteur libéral d’une forme ou d’une autre de politique d’identité nationale ukrainienne toute sa vie durant, a été forcé d’admettre, en étant confronté à ces faits, que l’OUN était une organisation criminelle qui a participé au génocide des Juifs d’Europe et au nettoyage ethnique des Polonais. Dans son récent livre, Ukrainian Nationalists and the Holocaust: OUN and UPA’s Participation in the Destruction of Ukrainian Jewry, 1941-1944, Himka résume le rôle de l’OUN-UPA dans l’Holocauste:


Il y a eu trois phases majeures au cours desquelles les nationalistes ont contribué au meurtre de masse. …

Les fascistes ukrainiens et l’opération Barbarossa

Les ailes rivales de l’OUN ont mobilisé des milliers, voire des dizaines de milliers, de leurs cadres et partisans pour participer activement à l’opération Barbarossa, l’invasion nazie de l’Union soviétique lancée le 22 juin 1941. Ils l’ont fait sous de multiples formes. Dans les mois précédant le lancement de l’opération Barbarossa, les services de renseignements militaires allemands ont mis sur pied deux bataillons ukrainiens composés principalement, voire exclusivement, de partisans de l’OUN (B). L’officier ukrainien principal du bataillon Nachtigall était, comme nous l’avons noté dans la deuxième partie, le proche associé de Bandera, Roman Shukhevych, qui deviendrait plus tard le commandant militaire de l’UPA.

Cette carte illustre les avancées allemandes en 1941. Plus de 3 millions de soldats ont envahi l’ensemble de la frontière occidentale de l’URSS, longue de 1800 km. Dès la première année de la guerre de l’Est, les nazis et leurs collaborateurs locaux, notamment les fascistes ukrainiens, ont assassiné une grande partie de la population juive.

L’OUN (M) et l’OUN (B) ont mis en place des forces opérationnelles (prohidny hruppy) qui ont soutenu et suivi les armées nazies dans leur progression en Ukraine soviétique. Nombre d’entre eux ont rapidement assumé des fonctions de «police», c’est-à-dire qu’ils ont réprimé la population, recherché les partisans du régime soviétique et rassemblé et tué des Juifs. L’OUN (B) a également formé une «milice populaire ukrainienne», une force paramilitaire qui travaillait derrière les lignes allemandes en marche, aidant les SS et les escadrons de la mort Einsatzgruppen.

Krakivski Visti– le quotidien publié par le Comité central ukrainien aligné sur l’OUN (M) et édité par le grand-père de Chrystia Freeland, Mikhailo Chomiak – était quasi délirant dans le numéro du 23 juin 1941, annonçant le lancement de ce qu’il appelait une «guerre sainte» contre l’«antéchrist».

Sous le titre «La guerre la plus justifiée de l’histoire», Krakivski Visti déclarait:

«Jamais dans l’histoire il n’y a eu de guerre plus juste que celle déclenchée par les troupes allemandes le dimanche 22 juin 1941. La guerre qui a commencé aujourd’hui est en quelque sorte une immense croisade pour la libération de l’homme, pour la libération des nations, pour la libération du monde entier du terrible fantôme de l’antéchrist. Aujourd’hui, le Führer allemand sera le sauveur de tous les peuples asservis par Moscou la Rouge ... le sang des soldats allemands qui étaient déjà morts et qui continueront à mourir héroïquement dans CETTE guerre sainte deviendra le fondement d’un nouvel avenir pour tous les peuples libérés d’Europe de l’Est, d’Asie occidentale et de toute l’humanité.»

Première page d’un numéro du Krakivski Vistipublié quelques jours après le lancement de l’opération Barbarossa. L’article principal, «Dans la grande vague», est signé Kubiyovych. Il écrit: «C’est le moment historique de rupture tant attendu. Sur les ordres du Führer du peuple allemand, les forces armées allemandes se sont déplacées vers l’Est, au royaume des ténèbres et de la dégénérescence judéo-bolchévique.»

Alors que les nazis mettent en place l’opération Barbarossa, l’OUN (M) et l’OUN (B) sont occupées à planifier un rôle plus important pour elles-mêmes dans une «nouvelle Europe» dirigée par les nazis.

Le 10 juin 1941, 12 jours avant l’invasion nazie, l’éditeur de Krakivski Visti et le chef du Comité central ukrainien (UTsK), Volodymyr Kubiyovych, ont écrit une lettre à Adolf Hitler exposant le plan de l’OUN (M) pour un État ukrainien fasciste sous la tutelle du Troisième Reich.

La lettre de présentation de Kubiyovych à Adolf Hitler présentant le plan en accompagnement pour un État ukrainien fasciste.

Dans sa lettre, il appelle à:

«Un État Führer

«Reprenant la tradition de l’État ukrainien “Hetman”, le futur État ukrainien aura une constitution autoritaire. Le pouvoir exécutif sera concentré entre les mains d’un Führer (Vozhd).

«Un État à parti unique

«La direction du parti politique et le conseil consultatif composé de représentants des différentes corporations pourront l’assister en tant qu’organe consultatif. Un parti national sera la seule forme d’organisation politique complète et constituera la base de l’ordre étatique ainsi que le facteur unique de l’éducation nationale et de l’organisation de la vie communautaire.

«Économie

«... Comme la direction, l’administration et l’économie seront également organisées de manière autoritaire.»

Hitler et les nazis n’avaient pas l’intention de créer un «État ukrainien», même dirigé par un «Vozhd» aussi servilement obéissant que Kubiyovych. Ils étaient toutefois disposés à accepter sa proposition d’inclure la Galicie occidentale dans les territoires du gouvernement général une fois qu’elle serait occupée par les envahisseurs nazis. Cela a permis à l’UTsK d’étendre ses opérations dans une partie du cœur de l’Ukraine.

L’«indépendance» ukrainienne asservie à l’impérialisme allemand dirigé par les nazis

Selon le propre compte rendu de l’OUN (B), le bataillon Nachtigall de l’armée allemande, soutenu par l’OUN, a atteint Lviv le 30 juin 1941, «et les dirigeants de l’OUN, dirigés par Yaroslav Stetsko, ont déclaré la restauration de l’État ukrainien et ont formé un gouvernement».

Jusqu’à ce jour, les fascistes ukrainiens et leurs défenseurs et apologistes célèbrent comme une «déclaration d’indépendance» l’ «Akt Proholoshenia Ukrainskoi Derzhavy» (Proclamation du pouvoir d’État ukrainien) que Stetsko a prononcé lors d’un rassemblement à Lviv, le jour même du début d’un horrible pogrom contre la population juive de la ville.

La proclamation est rarement citée dans son intégralité par les apologistes nationalistes ukrainiens de Bandera. Parce qu’elle ne servirait qu’à souligner davantage qu’étant arrivés en Ukraine en tant que participants enthousiastes à la guerre d’extermination nazie contre l’Union soviétique, ils ne déclaraient pas l’indépendance de l’Ukraine mais sa vassalité à l’impérialisme allemand dirigé par les nazis.

Section finale de la Proclamation du pouvoir de l’État ukrainien de l’OUN B, qui s’engage à se soumettre à l’impérialisme allemand dirigé par les nazis. (Photo: Archives d’État de l’Oblast de Lviv, Ukraine)

Un court texte qui n’utilise même pas le mot indépendance, la proclamation promet que le «pouvoir d’État ukrainien» «coopérera étroitement avec la Grande Allemagne nationale-socialiste, sous la direction d’Adolf Hitler, pour créer un nouvel ordre en Europe et dans le monde ... et coopérera fortement avec l’armée allemande contre l’occupation moscovite...»

Les Banderistes essayaient manifestement d’imiter leurs alliés fascistes en Slovaquie, où la garde Hlinka avait formé un gouvernement sous tutelle nazie, et l’Ustasce croate, avec laquelle les dirigeants de l’OUN s’étaient entraînés dans les années 1930, qui avait obtenu son propre État fasciste fantoche.

Voyant l’utilité opérationnelle des terroristes de l’OUN-B, des sections de la Wehrmacht (armée allemande) saluent la proclamation de Lviv, et un groupe d’officiers de la Wehrmacht présents lorsque Stetsko la prononce aurait applaudi. Mais Hitler considérait que les vastes terres fertiles de l’Ukraine étaient trop vitales pour son projet racialiste-fasciste de création du Lebensraum pour que les Allemands autorisent toute forme d’État ukrainien.

Le 5 juillet 1941, Bandera est arrêté par la Gestapo et emmené à Berlin. Stetsko, qui s’était autoproclamé «premier ministre» de l’Ukraine, a suivi une semaine plus tard. Pendant leur détention à Berlin, Bandera et Stetsko ont continué à jouir de leur liberté politique. La correspondance de Bandera, dont une partie porte la mention «Secret», se poursuit. Libérés le 14 juillet, Bandera et Stetsko ont continué à négocier avec le régime nazi, proposant divers projets à différents organes militaires et policiers nazis. Dans une «lettre de protestation» à Hitler, datée du 3 août 1941, concernant la séparation de la Galicie du reste de l’Ukraine et son incorporation au gouvernement général, qui était elle-même en partie une réaction à la proclamation de l’OUN-B, Bandera affirma son «profond respect» pour Hitler en tant que camarade «nationaliste de la marque occidentale».

Le monument de Stepan Bandera à Ternopil, dans l’ouest de l’Ukraine. Avec le soutien actif du Congrès ukrainien canadien, parrainé par le gouvernement, les gouvernements ukrainiens «démocratiques» pro-OTAN et UE ont systématiquement fait la promotion du fasciste Bandera, et de son OUN (B) et de l’UPA, les qualifiants de combattants de la liberté. (Wikipédia)

Stetsko, pour sa part, affirmait qu’une Ukraine sous leur gouvernance fonctionnerait comme un camp national de travail forcé pour l’Allemagne nazie: «Je sais, écrivait-il, que la reconstruction d’un État ukrainien souverain et uni n’est possible qu’avec la victoire de l’Allemagne (nazie)... nous soutenons le soutien économique complet de l’Allemagne par l’Ukraine avec tous les moyens disponibles...»

C’est l’assassinat par les bandéristes de Mykola Stisiborskyi, un dirigeant rival et idéologue de l’OUN (M), les autres alliés fascistes ukrainiens des nazis, qui a amené les nazis à détenir à nouveau Bandera et Stetsko.

Les partisans et les apologistes de l’OUN aiment dépeindre la «détention» de Stetsko et Bandera comme quelque chose d’équivalent au type d’emprisonnement brutal que les nazis (et l’OUN!) infligeaient aux communistes, aux Juifs, aux Roms et aux prisonniers politiques. Les brochures de l’OUN parlent sinistrement des «camps de concentration» dans lesquels Stetsko et Bandera ont été placés.

En réalité, les dirigeants de l’OUN (B) étaient détenus en «Sonder und Ehrenhaft», un statut de détention spécial et privilégié que les nazis réservaient aux diplomates et aux chefs d’État. En outre, ils ont été autorisés à continuer à correspondre avec leurs partisans intégrés dans l’appareil répressif nazi, bien que les nazis aient pris des mesures pour renforcer leur surveillance et leur contrôle en intégrant les membres des milices et des groupes d’intervention de l’OUN dans les unités de police ukrainiennes.

Une cellule typique de Zellenbau où Stetsko et Bandera étaient détenus. Notez le matelas et l’oreiller.
Ci-dessous, les conditions des prisonniers juifs à Dachau, où les membres de la Waffen SS Galicie s’entraînaient. Notez les êtres humains affamés et brutalisés cordés comme du bois sur des étagères.

Pendant sa détention, Stetsko a produit un document auquel les nationalistes ukrainiens n’aiment pas se référer, son «Zhitiepys» ou «Histoire de vie». Il atteste en outre du soutien de l’OUN à l’extermination des Juifs et de son caractère fasciste.

«Je considère le marxisme, écrit Stetsko, comme un produit de l’esprit juif, qui a cependant été appliqué en pratique dans la prison des peuples moscovites par les peuples moscovites-asiatiques avec l’aide des Juifs. Moscou et la juiverie sont les plus grands ennemis de l’Ukraine et les porteurs d’idées internationales bolcheviques corrompues. Je mesure pleinement le rôle indéniablement néfaste et hostile des Juifs, qui aident Moscou à asservir l’Ukraine.... Je suis donc favorable à la destruction des Juifs et à l’opportunité d’introduire en Ukraine les méthodes allemandes d’extermination des Juifs.»

Puisque nous parlons de sujets aussi graves, il faut souligner que Stetsko a utilisé les mots «vinisheniya», destruction, et «eksterminatsii zhidivstve», extermination des Juifs.

Extrait de «Zhitiepys» ou «Histoire de vie» de Stetsko

Dans un autre passage, Stetsko expose sans détour l’opposition et la haine implacables des nationalistes ukrainiens envers le socialisme et la démocratie:

«J’ai co-créé l’idéologie et le programme de l’Organisation (OUN) comme étant complètement hostile au marxisme, à la démocratie et à tous les programmes et idéologies fondés sur les classes. Politiquement, je soutiens le système autoritaire à parti unique en Ukraine. Dans le domaine social, je soutiens le solidarisme national, qui est proche du programme national-socialiste (nazi), mais le mien diffère par les particularités de la terre ukrainienne...»

Stetsko, qui succédera à Bandera, à la mort de ce dernier, à la tête de l’OUN (B), ne disait pas aux nazis ce qu’il pensait qu’ils voulaient entendre pour sortir de la prison, pour laquelle il s’était porté volontaire. Il ne faisait qu’énoncer à ses geôliers et patrons nazis la politique déjà établie de l’OUN (B).

Borotba I diialnist OUN pidchas vinny (Lutte et activités de l’OUN en temps de guerre) – un document de l’OUN (B) préparé comme guide pour les prohidny hurupy (groupes de travail) fascistes ukrainiens qui ont soutenu et suivi les armées nazies lors de leur invasion de l’Union soviétique en juin 1941 – approuvait explicitement le meurtre de masse: «En cette période de chaos et de confusion, la liquidation des militants polonais, moscovites et juifs indésirables est autorisée, en particulier les partisans de l’impérialisme judéo-musulman.»

Ce document, que les fascistes contemporains partisans de l’OUN continuent de citer, indique en outre:

«Une fois que l’OUN aura établi un gouvernement, celui-ci devra être basé sur les principes sociaux suivants:

«Les minorités nationales sont divisées en a) celles qui nous sont amies... et b) celles qui nous sont hostiles: les musulmans, les Polonais et les Juifs...»

«Re: a) Ont les mêmes droits que les Ukrainiens ...

«Objet: b) Destruction dans la lutte, notamment de ceux qui ont défendu le régime: déportation dans leur pays d’origine, destruction, notamment de l’intelligentsia, qui ne doit être autorisée à occuper aucun poste administratif. En général, on rend impossible la production d’une intelligentsia qui ait accès aux écoles, etc. Par exemple, on assimile les paysans dits polonais, en leur faisant comprendre dès le départ... qu’ils sont ukrainiens, seulement assimilés de force au rite latin. Les leaders doivent être détruits. Les Juifs doivent être isolés et écartés des postes administratifs afin d’éviter tout sabotage. Si, par exemple, il est absolument nécessaire de conserver un juif dans l’administration économique, il faut placer un de nos miliciens au-dessus de lui et le liquider à la moindre transgression. Seuls les Ukrainiens et non les ennemis étrangers peuvent être dirigeants dans les différentes branches de la vie. L’assimilation des Juifs est interdite.»

Travaillant aux côtés et au sein des forces de sécurité nazies, les fascistes ukrainiens des deux factions de l’OUN ont mis en pratique ces notions génocidaires dans la poursuite de leur objectif d’établir une «Ukraine pour les Ukrainiens»: c’est-à-dire un État ukrainien ethniquement «pur».

Le bataillon Nachtigall et les groupes auxiliaires de l’OUN (B) ont participé à deux pogroms meurtriers à Lviv en 1941, du 30 juin au 3 juillet, puis du 25 au 29 juillet, au cours desquels près de 9000 Juifs de Lviv ont été assassinés par les nazis et les fascistes ukrainiens. Des pogroms similaires ont lieu à Ternopil, Kremianets, Zolochev et Zboriv. Ces campagnes de meurtres ont conduit à des fusillades de masse beaucoup plus importantes. Organisées par les escadrons de la mort Einsatzgruppen avec l’aide et la participation de la milice de l’OUN et des auxiliaires de police, elles ont tué plus de 50.000 personnes au cours de l’été 1941.

Le politologue Ivan Katchanovski, de l’Université d’Ottawa, qui a effectué des recherches approfondies et documenté le rôle dominant joué par les anciennes forces de police et auxiliaires ukrainiennes dans le massacre des Juifs au sein de l’UPA, souligne également l’implication de la police dirigée par l’OUN (M) dans certains des crimes les plus horribles, notamment la fusillade de 34.000 Juifs à Babi Yar, à Kiev, en septembre 1941.

De nombreux membres de l’OUN (B) qui ont joué un rôle de premier plan dans les unités de police auxiliaires, dont le tristement célèbre Mykola Lebed, ont été formés à la torture et à d’autres «compétences» dans des écoles militaires et de police allemandes dirigées par la Gestapo et la SS. Lebed, qui allait diriger les impitoyables services de sécurité de la SB de l’OUN (B), commandait le groupe de 120 Ukrainiens recrutés par les nazis pour être formés à l’école de la Gestapo de Zakopane immédiatement après l’invasion de la Pologne en 1939. Après la guerre, il est resté à vie un agent de la CIA, qui a dirigé la maison d’édition de propagande «Prolog» aux États-Unis.

Sa formation à l’école de la Gestapo de Zakopane consistait à sélectionner au hasard des Juifs innocents pour les torturer et les assassiner. Un transfuge de l’OUN-B, Mykyta Kosakivsky, confiera des dizaines d’années plus tard avoir vu Lebed «entrer dans une maison juive... attraper un Juif et l’amener à l’unité... » Les officiers de la Gestapo enseignaient «les bonnes méthodes d’interrogatoire». «Pour amener le Juif innocent à avouer qu’il avait violé une femme aryenne, les officiers allemands l’ont battu et torturé, en utilisant leurs poings, une épée et des barres de fer. Lorsqu’il était ensanglanté de la tête aux pieds, ils appliquaient du sel et des flammes sur ses blessures...» Plus tard, le commandant de la Gestapo «Rosenbaum a de nouveau battu le Juif avec un tuyau de fer et Lebid (sic) a également participé à cette action héroïque.»

La réponse des fascistes ukrainiens au tournant de la guerre contre les nazis

Les défaites jumelles des armées d’Hitler à Stalingrad à l’automne/hiver 1942-1943 et à la bataille de Koursk à l’été 1943 ont amené les deux factions rivales des fascistes ukrainiens à opérer des changements tactiques opportunistes et cyniques.

Au printemps 1943, l’OUN (M) commence à mobiliser ses partisans pour former une unité ukrainienne de la Waffen SS. Avant la crise provoquée par la défaite de Stalingrad, les nazis avaient limité l’entrée dans la Waffen SS aux «Aryens purs». En tant que seule publication en langue ukrainienne autorisée au sein du gouvernement général nazi, Krakivski Visti, sous la direction de Chomiak, a joué un rôle crucial dans cette campagne.

Une affiche de recrutement pour la 14e Waffen SS Galizien montrant la première page du Krakivski Visti, ainsi qu’un soldat Waffen SS sur le point d’assassiner un Juif caricatural avec une épée

Le 16 mai 1943, Krakivski Visti a publié l’appel suivant de Kubiyovych:

«Le moment tant attendu est arrivé où le peuple ukrainien aura à nouveau l’occasion de sortir l’arme à la main pour livrer bataille à son plus grand ennemi, le bolchevisme. Le Führer du Grand Reich allemand a accepté la formation d’une unité militaire volontaire ukrainienne distincte sous le nom de division d’infanterie SS “Galicia”. Vous devez vous tenir côte à côte avec l’invincible armée allemande et détruire, une fois pour toutes, la bête bolchevique...»

Kubiyovych devient lui-même le premier membre officiel de la division Waffen SS Galicie, prêtant serment à la Waffen SS et à son chef Heinrich Himmler.

Krakivski Vistiaccompagne sa campagne de recrutement pour la Waffen-SS d’un torrent d’articles antisémites. Le chef de la presse allemande, Emil Gasner, exige que ces articles soient rédigés par des Ukrainiens, contrairement aux nombreuses réimpressions de contenus antisémites allemands que le journal publie régulièrement. Ces articles serviraient à souligner le soutien ukrainien à la campagne de recrutement de la Waffen SS. Plusieurs se portent volontaires, dont Oleksander Mokh, qui fera plus tard une carrière d’éditeur à Toronto. Mais avant son immigration, ses contributions à la littérature mondiale consistaient en des titres tels que «Comment les Juifs dépravent l’Europe», «Comment ils (les Juifs) ont aidé les bolcheviques» et «Conscience et Sodome», publiés en mai et juin 1943. Ces contributions sont manifestement absentes de sa biographie dans l’«Encyclopédie de l’Ukraine», qui a été éditée par nul autre que Kubiyovych lui-même et qui sera finalement parrainée par l’Institut canadien d’études ukrainiennes de l’Université de l’Alberta.

Parade en l’honneur de la formation de la division Galicie à Lviv, le 18 juillet 1943. Otto Wächter et Kubivovych sont au centre. (Photo: Coalition to Oppose the Arms Trade)

La 14e division Waffen SS ou division Galicie a été entraînée à proximité de divers camps de concentration et de travail forcé en 1943, dont Dachau, selon les confessions d’anciens membres de la division. Les détenus du camp étaient obligés d’enlever leur chapeau lorsque les nouvelles recrues SS défilaient. Ils recevaient deux heures d’endoctrinement dans la théorie nationale-socialiste chaque semaine, tandis que le reste de leurs journées était consacré à sa pratique. À la fin du mois d’août 1943, les membres prêtent serment à Adolf Hitler, après avoir été tatoués avec leur groupe sanguin. L’objectif des 8000 enrôlements étant dépassé, ceux qui ne sont pas retenus sont incorporés dans quatre unités de police spéciales, qui participeront également à des atrocités.

La division Galicie ne verra pas de combat avant février 1944, lorsqu’elle est envoyée au combat contre la résistance aux nazis. En juillet 1944, la division a perdu 73% de ses forces à Brody en résistant à la contre-offensive soviétique qui correspondait au débarquement du jour J. L’unité a été reconstituée par les nazis à partir des forces de réserve et envoyée en Slovaquie pour écraser le soulèvement de la classe ouvrière slovaque contre le régime fasciste au début de 1945.

Les commandants de la 14e Waffen SS de Galicie étaient issus des rangs des pires tueurs de masse nazis. Fritz Freitag était un vétéran des tueries des Einsatzgruppen, qui tenait un journal détaillé de ses atrocités, avec des entrées telles que «114 prisonniers capturés, 283 Juifs abattus». Le SS-Obersturmbahnfuherer Franz Magall a également consigné ses crimes commis par les Einsatzgruppen dans un journal: «Conduire des femmes et des enfants dans des marécages n’a pas eu le succès escompté, car les marécages n’étaient pas assez profonds pour qu’ils puissent s’enfoncer.»

Michael James Melnyk, qui a écrit trois livres sur l’histoire de la division Galicie, décrit dans les moindres détails les opérations antipartisanes qu’elle a menées contre la population locale d’Ukraine, puis contre les Slovaques. Mais en tant que fils d’un ancien membre de la Waffen SS, il part tout simplement du principe que toutes les victimes de l’unité l’ont mérité, en tant que «communistes» ou partisans.

Il est donc utile de comparer la description que fait Melnyk du massacre de Huta Pieniacka au printemps 1944 avec les récits de l’Institut polonais du souvenir national et de l’Académie des sciences ukrainienne.

Melnyk justifie l’atrocité comme suit: «Le village (qui compte environ 1000 habitants) est ouvertement reconnu comme étant devenu un bastion armé bien fortifié et un important centre de résistance pour les groupes de partisans dirigés par les Polonais et les Soviétiques. Ces partisans, en plus de harceler les colonnes de ravitaillement allemandes et de perturber les zones arrière de l’armée allemande, sont également connus pour avoir combattu l’UPA ainsi que pour avoir terrorisé la population ukrainienne locale en faisant des raids dans les villages environnants.» Melnyk admet ensuite que le village a fait l’objet d’une «action de pacification» qui a finalement conduit à la destruction du village et à la liquidation d’une grande partie de la population civile restante, mais que c’était l’œuvre des Allemands. Melnyk omet également le fait que les habitants de Huta Pienacka avaient fui les massacres de plus de 100.000 Polonais et Juifs perpétrés par l’OUN (B) l’année précédente. L’«action de pacification» les a achevés.

Les Polonais ont un souvenir différent:

«... le crime a été commis par le 4e bataillon de la 14e division le 28 février. Ce jour-là, tôt le matin, des soldats de cette division, vêtus de blanc, en tenue de camouflage, ont encerclé le village. Le village a été soumis à des tirs croisés d’artillerie. Des SS de la 14e division de la SS sont entrés dans le village, tirant sur les civils rassemblés dans une église. Les civils, principalement des femmes et des enfants, ont été divisés et enfermés dans des granges qui ont été incendiées. Ceux qui ont tenté de s’enfuir ont été tués. Les témoins interrogés par les procureurs de la Commission principale ont décrit les détails morbides de l’acte. Le crime a été commis contre des femmes, des enfants et des nouveau-nés.»

L’Académie ukrainienne des sciences écrit:

«L’attaque du village par le détachement SS a été le résultat de la dénonciation à la police ukrainienne par la population de Pidhirtsiv, qui a informé les Allemands que les Polonais de Huta Pieniacka cachaient des Juifs, soutenaient les partisans bolcheviques, stockaient des armes, etc. Les SS ukrainiens sont arrivés dans le village pour effectuer une inspection. Lorsqu’ils ont commencé à voler la population, en parlant ukrainien entre eux, les Polonais les ont pris pour des bandits déguisés et ont commencé à se défendre. Puis, un escadron ukrainien des SS est arrivé dans le village en provenance de Pidhirtsiv. Après avoir encerclé le village, il a commencé à assassiner les gens.»

L’OUN (B) et l’Armée insurrectionnelle ukrainienne

Après la capitulation allemande à Stalingrad en février 1943 et alors que le soutien de la population ukrainienne à la résistance partisane soviétique contre les nazis ne cesse de croître, l’OUN (B) commence à se préparer à l’éventualité d’une défaite de ses alliés nazis et à la perte de la perspective d’une «Ukraine indépendante».

L’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA), organisée par l’OUN, aurait été fondée en octobre 1942. Mais elle n’est devenue une force importante qu’au printemps 1943, et seulement à la suite de la désertion massive, en mars-avril 1943, de commandants et d’officiers de la police ukrainienne.

Quelque 4000 à 6000 policiers ukrainiens ont répondu à l’appel de l’UPA à rejoindre ses rangs dans la région de Volhynia, en Pologne occupée par les nazis, au printemps 1943. Selon Katchanovski, à la fin de cette année-là, les transfuges de la police représentaient encore plus de la moitié des combattants de l’UPA. L’UPA sera également rejointe par d’autres personnes ayant servi comme hommes de main des nazis, notamment dans les bataillons d’opérations spéciales allemands Nachtigall et Roland, et enfin par des déserteurs de la division Waffen SS Galicie.

Officier allemand visitant une Schutzmannschaft ukrainienne ou une unité de police auxiliaire près de Kiev, en décembre 1942. L’OUN (B) avait systématiquement intégré ses cadres dans la Schutzmannschaft ukrainienne. (Wikipédia)

À l’apogée de sa puissance, l’UPA compte environ 20.000 combattants, dont la majorité a déjà servi ou combattu aux côtés des nazis.

On ne saurait trop insister sur l’importance politique de la défection massive de la police au profit de l’UPA. Si l’OUN (B) a pu ordonner à des milliers de policiers de passer à l’UPA, c’est parce qu’ils servaient dans la police auxiliaire des nazis selon les instructions de l’OUN (B); et lorsqu’ils ont aidé à mettre en œuvre l’extermination massive des Juifs d’Ukraine, ils l’ont fait sous sa discipline et sous ses ordres.

Katchanovski, en passant en revue les biographies de 119 dirigeants de haut rang et de 210 dirigeants de rang intermédiaire de l’OUN (B) et des commandants de l’UPA, a démontré à quel point ce soi-disant «mouvement de libération nationale» était dirigé et doté de personnel par des sbires nazis. Sur la base des preuves disponibles, il a établi que 55% des cadres moyens de l’OUN/UPA ont activement collaboré avec l’armée, la police ou les services de renseignements nazis, tout comme 77% des dirigeants de haut rang de l’OUN et de l’UPA. Il souligne que les pourcentages réels sont probablement plus élevés en raison du manque d’informations.

Lubomir Luciuk, professeur au Collège militaire royal du Canada et lauréat de la médaille Shevchenko du Congrès ukrainien canadien, voudrait nous faire croire que l’UPA «a combattu à la fois les nazis et les Soviétiques». Mais les engagements militaires anti-allemands étaient peu nombreux et sans conséquence. Katchanovski a démontré que seuls 6% des principaux commandants de l’OUN et 3% des principaux commandants de l’UPA sont morts à la suite d’un engagement militaire contre les Allemands, alors que 54% sont morts au combat contre les forces soviétiques. Bien que 32% des chefs de l’OUN aient été à un moment donné faits prisonniers par les Allemands, ils ont presque tous été libérés peu après. Des faits objectivement vérifiables contredisent les mensonges colportés par les nationalistes ukrainiens et leurs alliés impérialistes occidentaux.

Coïncidant avec la défaite de l’armée de chars nazie dans la bataille de Koursk, un congrès de l’OUN (B), au cours de l’été 1943, a effectué un changement rhétorique totalement cynique et malhonnête, afin de se positionner pour une future tentative de courtiser le soutien impérialiste britannique et américain. Il a condamné «l’idéologie nationale-socialiste» et a professé son soutien aux «minorités nationales». Essentiellement, c’est ici que commence la campagne de mensonges de l’OUN sur elle-même et sur son histoire politique.

Dans la pratique, l’OUN a continué à perpétrer des violences de masse. Une campagne systématique d’épuration ethnique de près de 100.000 Polonais dans les régions de Volhynie, de Galicie, de Lublin et de Polésie atteint son apogée au moment même où l’OUN déclare son amour pour les «minorités nationales». En juin 1943, le commandant de l’UPA-Nord, Dmytro Klyachkivsky, publie une directive secrète disant: «Nous devrions faire une grande action de liquidation de l’élément polonais. Lorsque les armées allemandes se retireront, nous devrons profiter de ce moment propice pour liquider toute la population masculine âgée de 16 à 60 ans... Les villages et les établissements situés à côté des grandes forêts devraient disparaître de la surface de la Terre.» La majorité des personnes massacrées étaient en fait des femmes et des enfants. Les meurtres se poursuivent jusqu’en 1945. L’UPA abat même les quelques médecins juifs qu’elle avait enrôlés de force.

Victimes d’un massacre de l’UPA visant des Polonais dans le village de Lipniki en 1943 (Wikipédia) [Photo: Władysława Siemaszków]

Tout au long de l’année, l’UPA a joué un rôle dans la protection des arrières nazis, permettant aux unités allemandes d’être déployées contre les Soviétiques de manière plus efficace.

Face à la perspective d’une défaite imminente, les nazis libèrent Bandera de sa captivité en septembre 1944. Il en résulte une coopération encore plus étroite entre l’UPA-OUN (B) et les nazis dans la lutte contre l’avancée de l’Armée rouge. Selon le biographe de Bandera, Grzegorz Rossolinski-Liebe, «Bandera, ainsi que d’autres politiciens ukrainiens de premier plan tels que Melnyk, Kubiyovych et Pavlo Shandruk, ont accepté d’aider les Allemands à mobiliser les Ukrainiens pour la lutte contre l’Union soviétique».

Alors que l’Armée rouge soviétique infligeait défaite après défaite à la Wehrmacht allemande en 1944 et au début de 1945, laissant de plus en plus présager l’effondrement de l’Allemagne nazie, les nationalistes ukrainiens de l’OUN (B) et de l’OUN (M) ont fui vers l’ouest. Le grand-père de Freeland, Mykhailo Chomiak, et ses collaborateurs se sont rendus à Vienne, où ils ont continué à publier Krakivski Visti. Le dernier numéro est paru en mars 1945. De nombreuses personnalités se retrouvent dans des camps de personnes déplacées, où les membres de l’OUN gèrent des structures mafieuses.

Bandera se réfugie à Munich, où il collaborera plus tard avec la CIA et les services secrets ouest-allemands. Après une brève suspension de ses activités, l’OUN (B) est reconstituée sous les auspices du MI6 britannique en 1946 pour servir d’allié dans une insurrection antisoviétique en Ukraine que les Américains soutiendront secrètement jusqu’à la fin des années 1950 au moins. Au milieu des années 1950, le fascisme intransigeant de Bandera avait aliéné la CIA et nombre de ses anciens alliés, qui le trouvaient «déplaisant» et politiquement en décalage avec la propagande impérialiste occidentale sur la démocratie et la liberté des «nations captives». On dit qu’il a été assassiné par un agent du KGB en 1959. Sa femme et son fils s’enfuient à Toronto, au Canada, où ils continuent à promouvoir la cause de l’OUN.

La reddition de la 14e division (Galicie) de la Waffen SS aux forces britanniques illustre la campagne de mensonges menée par les fascistes ukrainiens pour couvrir leurs traces et nettoyer leur réputation politique afin de se rendre plus acceptables aux yeux de leurs nouveaux maîtres américains et canadiens. Aux alentours du 25 avril 1945, juste avant leur reddition, les membres de la division Galizien de la Waffen SS se sont débarrassés de leurs uniformes et de leurs insignes SS et ont déclaré être «la première unité de l’Armée nationale ukrainienne». Les officiers britanniques qui les ont rencontrés pour la première fois n’ont découvert que plus tard à qui ils avaient réellement affaire. Ils ont été internés pendant plusieurs années avant d’être finalement admis comme immigrants aux États-Unis, au Canada, au Royaume-Uni et en Australie.

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Le 27 avril, tous les députés libéraux, conservateurs, du Bloc Québécois, verts et du Nouveau Parti démocratique présents ont approuvé à l’unanimité une motion parlementaire du NPD qualifiant l’opération militaire russe en Ukraine d’«acte de génocide».

De toute évidence, le cynisme et l’hypocrisie de la classe dirigeante canadienne et de ses représentants politiques sont sans limites.

L’invasion de l’Ukraine par la Russie est réactionnaire. Mais l’affirmation selon laquelle Moscou commet un génocide en Ukraine est une provocation visant à diaboliser la Russie et à rendre impossible toute désescalade du conflit, afin que l’impérialisme canadien et ses alliés puissent poursuivre leurs plans d’assujettissement de la Russie, quel qu’en soit le coût en vies russes et ukrainiennes.

C’est d’autant plus grotesque de la part d’un État et d’un établissement politique qui, pendant huit décennies, ont cultivé une alliance avec ceux qui ont aidé et encouragé le génocide nazi contre les Juifs d’Ukraine. Dans la dernière partie de cette série, nous documenterons comment l’impérialisme canadien a fourni un refuge aux fascistes ukrainiens, les a aidés à dissimuler leurs crimes et s’en est servi pour promouvoir ses intérêts prédateurs, y compris dans la préparation, l’instigation et la conduite de la guerre actuelle.

À suivre

(Article paru en anglais le 21 mai 2022)

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