Grève des travailleurs d'Amazon à Coventry, en Angleterre

Si vous êtes un travailleur d'Amazon, nous aimerions entendre votre témoignage ! Parlez-nous ici des conditions sur votre lieu de travail. Toutes les contributions resteront anonymes.

Des centaines de travailleurs d'Amazon ont déclenché une grève à l'usine Amazon BHX4 de Coventry, en Angleterre, ce mois-ci pour une augmentation de leur salaire horaire de 11 £ à 15 £ et protester contre les conditions de travail désastreuses dans ce conglomérat de mille milliards de dollars.

Les employés de l'entrepôt ont débrayé du 16 au 18 avril et du 21 au 23 avril, après avoir rejeté l'offre salariale insultante de la direction entre 1,8 et 2,5 pour cent le mois dernier. Des grèves ont eu lieu en janvier et février (articles en anglais). Les travailleurs auront pris part à 14 jours d'action revendicative d'ici la fin de ce mois.

Des piquets empêchent un camion Amazon de se charger à l'entrepôt

La grève fait suite à l'annonce du licenciement collectif de 8 pour cent de la main-d'œuvre mondiale d'Amazon le mois dernier dans le cadre de réductions des coûts plus larges dans le secteur technologique.

Le centre logistique de Coventry emploie 1 400 travailleurs, pour la plupart non syndiqués. Le conflit a unifié les différentes nationalités employées, surmontant avec succès les barrières linguistiques.

De grandes foules de travailleurs se sont rassemblées devant l'entrepôt pendant les jours de grève et ont empêché les voitures d'entrer et les camions de livraison de se déplacer. Les piquets ont sollicité les travailleurs à travers les vitres de leurs voitures à montrer leur solidarité et à se joindre à la grève, scandant « Pas de travail aujourd'hui! » et « Les travailleurs unis ne seront jamais vaincus! » Pour la plupart des personnes impliquées, c'est la première fois qu'elles participent à des luttes sociales.

Les travailleurs d'Amazon Coventry appellent leurs collègues à se joindre à la grève

Les travailleurs d'Amazon en Grande-Bretagne ont organisé une série de grèves sauvages dans plusieurs installations l'été dernier contre l'imposition d'une augmentation de salaire insultante de 35 pence de l'heure, soit 3 pour cent – une réduction de salaire en termes réels.

En janvier, les travailleurs du site organisés par le syndicat GMB ont organisé la première grève officielle depuis qu'Amazon a commencé à opérer au Royaume-Uni en 1998. Le GMB affirme que plus de 600 travailleurs d'Amazon ont rejoint le syndicat.

Amazon UK Services, qui gère des entrepôts, vit l'intégralité de son impôt sur les sociétés annulée en 2021 par un allégement fiscal du gouvernement conservateur pour encourager les investissements dans le pays. Son chiffre d'affaires au cours de la même période augmenta de plus d'un milliard de livres sterling pour atteindre 6,1 milliards de livres, avec des bénéfices de 204 millions de livres, en hausse de 59 pour cent par rapport à l'année précédente. Les comptes de ses autres opérations au Royaume-Uni sont cachés.

Le GMB limite la grève à quelques jours et l'isole dans un seul entrepôt, limitant ainsi l'impact possible sur les bénéfices. Il refuse d'avancer une véritable stratégie de lutte de classe militante pour unifier les travailleurs contre cette entreprise impitoyablement exploiteuse.

Amazon rejette le droit des travailleurs à s'organiser sur le lieu de travail. Le GMB n’est pas à présent attesté comme interlocuteur, ni aucun autre syndicat. Cela permet au GMB de se présenter comme une force d'opposition, mais en réalité il a proposé de collaborer avec l'employeur et de contenir la main-d'œuvre rebelle. Amanda Gearing, une organisatrice régionale de GMB, a déclaré il y a des mois au début du conflit: « Si Amazon veut maintenir son empire en marche, il doit se mettre autour de la table avec GMB pour améliorer les salaires et les conditions des travailleurs. »

GMB organise l'action revendicative pour empêcher une rébellion des travailleurs qui déclencherait un mouvement de grève plus large et politisé à travers le pays. C'est pourquoi le GMB se targue d’être à l’origine du débrayage tout en occultant les grèves sauvages qui ont donné le véritable élan au mouvement.

Le GMB prétend avoir recruté des centaines de nouveaux membres parmi la main-d'œuvre à Coventry et dans d'autres plate-formes d'Amazon à travers le Royaume-Uni depuis le début du conflit et dit qu'il se rapproche du niveau d'adhésion de 50 pour cent qui lui permettrait de demander une reconnaissance statutaire. Il organise des campagnes de recrutement sur cinq autres sites à travers les Midlands à Coalville, Kegworth, Mansfield, Rugby et Rugeley.

Des travailleurs se rassemblent devant le centre de distribution géant de Coventry, en Angleterre

Le mois dernier, le GMB, ainsi que d'autres syndicats de la santé, ont trahi les luttes (article en anglais) des travailleurs du National Health Service (NHS) en mettant fin à la grève des infirmières pour une amélioration des salaires et des conditions en Écosse. Après des discussions à huis clos, il a signé un accord salarial inférieur à l'inflation. Rachel Harrison, secrétaire générale de GMB, a cyniquement salué la « force et le travail acharné des membres du NHS de GMB » pour avoir facilité l'accord. Le GMB a recommandé l'offre du gouvernement pour les travailleurs du NHS en Angleterre, qu'il présente comme une « grande victoire ».

Le GMB refuse d'organiser des grèves chez des centaines d'autres employeurs où il est bien implanté et a l'influence nécessaire pour organiser des actions de masse. Cela a valu au GMB la confiance des employeurs, en particulier dans les secteurs économiques qui reposent sur la surexploitation des travailleurs de la logistique. L'année dernière, Deliveroo a signé un accord avec le GMB pour représenter ses livreurs qui impliquait des concessions négligeables accordées aux travailleurs en échange de la suppression des grèves qui avaient commencé à faire leur effet sur cette entreprise. Le GMB affirma son engagement envers le « succès commercial durable » de Deliveroo.

Les groupes de la pseudo-gauche ont colporté des illusions sur la bureaucratie syndicale, louant sans critique son rôle dans le conflit et cachant son rôle dans la répression de la lutte des classes au niveau national. Le Socialist Worker, journal publié par le Socialist Workers Party (SWP), a publié le 22 avril un article de fond intitulé « Pourquoi notre pouvoir est sur les piquets de grèves », qui débitait sans critique les demi-vérités des fonctionnaires syndicaux. Il y promeut le rôle de l'activisme sur les piquets de grèves pour « aider à développer le syndicat » parce que cela avait été «le principal endroit où les travailleurs s'inscrivent pour adhérer au syndicat GMB, souvent dans une longue file d’attente de travailleurs les jours de grèves ».

La grève de Coventry démontre que la vague du militantisme qui s’est accumulé dans la classe ouvrière est en train de se développer. Les travailleurs d'Amazon ont le potentiel de créer un mouvement social d'une force énorme. Amazon dispose d'énormes ressources et du soutien total du gouvernement britannique. Mais la bureaucratie syndicale n'organisera pas de véritable opposition à travers la lutte des classes, elle opérera main dans la main avec la direction.

Les travailleurs d’Amazon doivent prendre le contrôle de leur stratégie de grève en construisant leur propre organisation de la base, indépendante de la bureaucratie syndicale dans chaque établissement, en y impliquant tous les acteurs et échelons.

Ces comités doivent unir leur lutte avec les travailleurs d'Amazon dans d'autres pays. Nous encourageons les travailleurs à contacter l' International Amazon Workers Voice (la Voix internationale des travailleurs d’Amazon)et l' International Workers' Alliance of Rank-and-File Committees , (Alliance ouvrière internationale des comités de base) créés pour aider à la lutte politique nécessaire contre les trusts, les gouvernements nationaux et leurs partenaires des syndicats.

Inscrivez-vous au bulletin d’information de International Amazon Workers Voice .

(Article paru en anglais le 23 avril 2023)

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